Lounis Ait Menguellet, Farid Ferragui, Ahcene Ait Zaïm, Nacer Mokdad et Amel Zen ont interprété à cette occasion quelques-unes des merveilles léguées à la postérité par le père de « yal menfi ». La vedette du jour est visiblement touchée par autant de marques de reconnaissance. Il arrive difficilement à contenir ses larmes et ses émotions. Il se dit heureux d'être honoré de son vivant, en souhaitant que d'autres artistes qui ont beaucoup donné à la culture algérienne soient honorés à leur tour pour que la jeune génération d'artistes prenne exemple sur ses aînés. Le public est venu de toute la capitale ainsi que de la région natale de l'idole pour assister au geste louable des pouvoirs public en reconnaissance aux efforts de ce chanteur exceptionnel pour la conscientisation des Algériens grâce à ses chants patriotiques pendant la révolution algérienne ainsi qu'à sa contribution à la promotion de la culture algérienne après l'indépendance. La ministre a qualifié d'importante la contribution d'Akli Yahyaten à la promotion de la culture algérienne. Elle a aussi souligné que cet hommage est une reconnaissance envers ce grand nom. De leur côté, Ahcene Ait Zaïm, chanteur et musicien qui travaille depuis longtemps avec Akli Yahyaten, et Amel Zen, chanteuse, se disent honorés d'être parmi les artistes choisis. « Je suis très heureuse de participer à cet hommage », a affirmé cette dernière. Akli Yahyaten garde toujours sa superbe, malgré le poids des ans. A quatre-vingt-trois ans, il paraît en avoir moins. Sa voix n'a rien perdu de sa tonalité. Il joue à la perfection du luth, son instrument fétiche et compagnon de longue date. Au grand bonheur de ses inconditionnels, il anime toujours des concerts aux quatre coins du pays à chaque fois qu'on le sollicite. Tout le monde se souvient de son passage, septembre 2012, au Festival national musique et de la chanson kabyle, dans la wilaya de Béjaia. Sa prestation, ce jour-là, n'a pas laissé indifférente l'assistance. Son public lui voue respect et considération parce que l'artiste n'a jamais cessé d'être son porte-parole et ce, depuis son entrée, il y a un peu plus d'un demi siècle, dans le monde artistique. Akli Yahyaten a consacré une vingtaine de chansons aux conditions dans lesquelles vivait la première vague d'Algériens en terre française. Certaines de ses chansons sont une véritable peinture des tranches de vie des émigrés. Akli Yahyaten, pour rappel, est né en 1930 à Ait Mendès, dans la région de Boghni, en Grande Kabylie. Il émigre, à vingt ans à peine, en France, comme la majorité des jeunes de son village. La firme automobile Citroën l'embauche en qualité de manœuvre spécialisé. Durant cette période de sa vie, il commence à s'introduire dans le milieu artistique dans le Quartier latin, où il fait notamment la connaissance de Slimane Azem, Zerrouki Alloua et Cheikh El Hasnaoui. Pendant la guerre, il est arrêté et emprisonné par la police française à cause de son engagement militant et ses activités de collecte d'argent, dans la capitale française, pour le Front de libération nationale. En prison, il compose ses plus belles mélodies et ses plus beaux textes en kabyle et en arabe algérien, parmi lesquels « yal menfi », sa chanson culte qui connaît aujourd'hui encore un très grand succès auprès du public.