Toujours égal à lui-même. Aussi, plein d'énergie et d'originalité à faire d'un rendez-vous artistique un moment de bonheur inextinguible, Akli Yahiaten, maître incontesté de la chanson kabyle, a émerveillé son public, lors d'une soirée musicale organisée, la nuit du vendredi à samedi, à la grande salle de la Maison de la culture de Bouira, lors d'une cérémonie officielle célébrant le 54e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne. L'enfant prodigue d'Ath Mendas, de la wilaya de Tizi Ouzou, en l'espace de deux heures, a su mettre, jeunes et vieux, dans un état d'extrême allégresse, et aussi dans un profond souvenir de Novembre. Connu pour son répertoire riche et varié, Akli Yahiaten n'a pas tardé lors de cette soirée, à faire redécouvrir ses anciennes oeuvres aux centaines de personnes, dont des hauts responsables locaux, qui se sont déplacés pour s'abreuver de l'intarissable génie du chanteur. L'menfi (l'exilé), Ay axxam et autres chansons merveilles de l'artiste ont transporté l'assistance sur un nuage de nostalgie. Tout le monde a été embarqué pour faire le voyage, à l'aide de ses chansons afin de sillonner d'autres époques. La première génération d'émigrés, dont fait partie le chanteur, a été présente dans ses chansons. C'est l'hommage que l'on puisse rendre à ces hommes qui sont allés jusqu'au bout du monde, juste pour acquérir quelques sous afin de continuer à vivre. Une époque majestueusement chantée par Akli Yahiaten et les autres enfants de l'Algérie, ceux qui ont dédié leur vie entière pour qu'une tranche de vie, pour le moins qu'on puisse dire, difficile, soit chantée haut et fort aux nouvelles générations algériennes. Tout cela représentait pour eux un moyen infaillible pour nous faire parvenir tout un patrimoine de mots et de notes. Pour célébrer Novembre, l'hommage rendu aux hommes de la Révolution a été grandiose. Au cours de la soirée, un autre chanteur qui ne cesse de suivre les traces du grand Yahiaten, Ahcène N'Ath Zaïm qui a interprété deux célèbres chansons chantées dans les années 50 par le défunt Farid Ali, notamment la majestueuse oeuvre de A yemma Azizen Urettru. Des paroles qui rappellent les affres de la longue nuit coloniale, de la misère du peuple algérien sous le joug de l'armée coloniale française. A la fin de la soirée musicale, quelques minutes avant le 1er novembre 2008, et 54 années après le 1er Novembre 1954, ceux qui ont été bercés par les chansons d'Akli Yahiaten se dirigent au carré des martyrs pour vivre le moment historique, quand, il y a plus d'un demi-siècle, de grands hommes ont juré que l'aube de la liberté se lève.