Les pays Européens qui ont, jusqu'ici, adopté une position plus ou moins dure vis-à-vis du président syrien, Bachar Al Assad, et bien qu'en insistant sur son départ dans l'optique d'une voie de sortie de la crise, et en soutenant financièrement l'opposition (l'UE est considérée comme le plus grand donateur d'aide humanitaire dans la crise avec 400 millions d'euros), semblent vouloir réviser leur copie. La résistance de l'armée syrienne aux assauts de l'opposition armée, fortement soutenue par certains pays de la région, explique également les divisions européennes au sujet de la levée de l'embargo sur les armes destinées à l'opposition sur le terrain. A l'issue d'une rencontre, lundi dernier, à Bruxelles, avec l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, les ministres européens des Affaires étrangères ont réaffirmé que seule la solution politique est à même de régler la crise qui secoue le pays, et que l'UE est « prête » à contribuer à l'avancement du processus de « toutes les manières possibles ». Les ministres ont, également, réaffirmé leur « soutien » aux efforts de M. Brahimi, dans l'espoir de « créer un espace pour le dialogue politique entre l'opposition et les représentants du gouvernement ». Ce dialogue a également été mis en avant, le même jour, par un leader de l'opposition syrienne, Haytham al-Manaa, membre du Comité national de coordination pour le changement démocratique (CNCD), à l'issue de sa rencontre à Moscou avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. « Nous sommes fermement attachés à l'idée que seul le dialogue politique peut sauver la Syrie de la somalisation. Heureusement, cette opinion est partagée, aujourd'hui, par plusieurs responsables de la Coalition nationale de l'opposition », a-t-il expliqué, reconnaissant, néanmoins, que les conditions pour un dialogue avec Damas « n'étaient pas encore réunies ».Pour l'opposant, toute solution politique « passe par Moscou » qui s'emploie à lancer des pourparlers entre les deux parties. M. Lavrov a, de son côté, fait savoir que la situation ne s'améliore pas, même si toutes les parties se sont mises d'accord sur le fait qu'il doit y avoir un arrêt des violences et qu'un dialogue devrait être entamé ». « Mais beaucoup essayent de l'empêcher, y compris des soutiens extérieurs de la soi-disant opposition irréconciliable », a-t-il poursuivi, faisant allusion aux pays occidentaux et quelques pays arabes auxquels s'est adressé, hier, le président israélien, Shimon Peres. Etrangement, il a souhaité qu'une force de la Ligue arabe intervienne en Syrie pour « mettre fin au massacre » et éviter que ce pays s'effondre. « La Ligue arabe peut et doit créer un gouvernement provisoire en Syrie pour arrêter le massacre et empêcher la Syrie d'imploser. Les Nations unies doivent soutenir une force de Casques bleus arabes », a dit M. Peres devant le Parlement européen réuni à Strasbourg. Au Caire, le SG de l'instance panarabe, Nabil Al Arabi, examinait avec le président de la Coalition de l'opposition, Ahmed Moadh Al Khatib, les derniers développements de la situation.