Une rencontre tripartite (Russie-Etats-Unis-ONU) sur la crise syrienne pourrait avoir lieu, début janvier, dans la capitale russe. Elle réunirait Lakhdar Brahimi, l'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Mikhaïl Bogdanov, le représentant spécial de Vladimir Poutine pour le Proche-Orient, et William Burns, sous-secrétaire d'Etat américain chargé du Moyen-Orient, a déclaré M. Bogdanov. La date de cette rencontre pourrait être annoncée, aujourd'hui, à l'issue de visite de M. Brahimi à Moscou. Est-ce la fin de cette crise qui a fait plus de 45.000 morts et deux millions de déplacés depuis mars 2011 ? « Oui », répondent les analystes si la question sur le rôle que « Bachar al Assad, sa famille et ceux qui ont fait du mal au peuple » pourraient jouer dans un gouvernement de transition doté de toutes les prérogatives de l'Etat, jusqu'à l'organisation d'élections en 2014, est résolue. La Russie semble déterminée à trouver une « issue » à la crise syrienne qui pourrait, de l'avis de plusieurs observateurs, prendre des proportions incontrôlables à tout moment. Sergueï Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, qui a rencontré, jeudi à Moscou, Fayçal Makdad, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, presse le régime Al Assad de « concrétiser autant que possible sa volonté affichée de dialoguer sur tous les sujets, conformément à la déclaration de Genève, avec l'opposition » dont Moaz al Khatib, son chef, sera, aujourd'hui, à Moscou. « Plus cela continuera, plus la situation s'aggravera pour chacun », dit-il. Lakhdar Brahimi, qui sera, également aujourd'hui à Moscou, après une mission de cinq jours à Damas, pour une troisième série d'entretiens avec des responsables russes et américains, croit dur comme fer en une solution sur la base de la déclaration de Genève de juin 2012, dont la formation d'une instance provisoire, pouvant inclure des membres du gouvernement actuel et des représentants de l'opposition, puis la tenue d'élections. « Les Syriens réclament un changement réel et tout le monde comprend ce que cela veut dire », dit-il, sans évoquer le sort de M. Assad mais en prévenant contre les divisions qui, « politiques, au début, ont pris, avec le temps, une forme affreuse, celle d'affrontements confessionnels ». Mais dialoguer avec qui ? Avec le Comité national de coordination pour le changement démocratique que dirige Haytham Manaa, et dont personne ne parle ou la Coalition nationale syrienne, qui fait front contre le régime en s'alliant avec le Front al-Nosra et quelque 5.000 éléments activant sous la bannière « islamiste » ? Reconnue légitime par 130 pays, cette dernière exclut l'hypothèse d'un quelconque gouvernement provisoire au sein duquel Al Assad ou ses hommes pourraient jouer le moindre rôle. « Nous accepterons toute solution politique qui n'inclut pas la famille Assad et ceux qui ont fait du mal au peuple syrien. En dehors de cela, toutes les options sont sur la table. Notre première condition, c'est leur départ du pays », affirme Walid al-Bunni, porte-parole de la CNS, une position qui ne recoupe pas avec celle Haytham Manaa, plus soucieux de l'arrêt de la violence que de l'avenir de Bachar el-Assad. Brahimi, qui a été jusqu'à présent discret et silencieux, menace, si les deux parties continuent à faire la sourde oreille à ses « propositions » de sortie de crise, de recourir au Conseil de sécurité.