Le procureur général près la cour de Constantine, Mohamed Abdelli, a confirmé, hier matin, lors d'une conférence de presse, que les auteurs présumés du double meurtre de Haroun et Brahim ont été arrêtés par les services de sécurité. Les assassins ont été appréhendés immédiatement par la police après leur signalement par des témoins. Ils sont passés aux aveux le jour même de leur arrestation. Il s'agit de deux hommes âgés de 21 ans et 38 ans. « Selon les premières conclusions des services de la police, les deux suspects ont avoué leur crime lors de l'interrogatoire. Ils ont tué les deux enfants par strangulation, chose qui a été confirmée par l'autopsie pratiquée par le médecin légiste. Je tiens à préciser que les deux enfants n'ont pas été égorgés, ni mutilés », a affirmé M Abdelli, précisant que le mobile et les intentions des deux tueurs seront dévoilés une fois l'enquête des spécialistes bouclée. Visiblement ému par le décès des deux enfants, le procureur général a qualifié de barbare ce drame et indiqué que la justice sera intransigeante. « Les autorités, la justice, les parents des deux victimes et toute la société civile attendaient l'arrestation des auteurs. C'est, désormais, chose faite. Ce crime est étranger à nos traditions et a ciblé des enfants innocents, par conséquent, les deux auteurs seront sévèrement punis par la justice ». Les deux assassins a, enfin, précisé le procureur général, habitent les environs où ont été trouvés les deux enfants, à l'Unité de voisinage (UV 17). LES DEUX ENFANTS VICTIMES D'UN ABUS SEXUEL ? Selon un médecin au CHU Benbadis de Constantine, Haroun et Brahim n'ont pas été mutilés, mais auraient subi une agression sexuelle et ont été étranglés à l'aide d'un câble d'une parabole qui a été, d'ailleurs, retrouvé dans le cabas contenant le corps d'un des deux enfants. Tristesse, horreur et colère. L'annonce de la découverte des deux corps continue de susciter une profonde émotion de la population constantinoise qui a suivi avec inquiétude le feuilleton de la disparition des deux enfants. En dépit de sa réputation de ville à forte délinquance, jamais la violence n'a atteint un tel degré de barbarie et de cruauté. Les deux enfants ont été enveloppés dans des sacs en plastique. On ignore, pour l'instant, les circonstances qui ont poussé les agresseurs à commettre un crime de cette nature sur des enfants âgés de 9 et 10 ans. S'agit-il d'une vengeance, d'un rapt qui a mal tourné ou tout simplement le fait de psychopathes ? Les corps ont été retrouvés non loin des domiciles des deux familles, et ce sont des travailleurs chinois et algériens qui ont donné l'alerte quand ils ont découvert le cabas et le sac en plastique contenant les deux corps. Immédiatement, les témoins ont signalé la présence de deux suspects aux forces de sécurité. La police n'a pas mis beaucoup de temps à interpeller les deux mis en cause. Après interrogatoire, les deux hommes passent aux aveux. L'information de la découverte des deux corps des petits Haroun et Brahim s'est répandue comme une traînée de poudre. A l'UV 17 où les deux corps ont été retrouvés - l'un enveloppé dans des sacs en plastique, l'autre dans un cabas - des centaines de gens ont tenté à plusieurs reprises d'exfiltrer les présumés coupables des deux commissariats de la nouvelle ville, là où beaucoup de gens soupçonnaient la détention des suspects. Il aura fallu le renfort de CRS et la médiation des sages de la ville pour que le calme revienne à Ali-Mendjeli. GRANDE EMOTION À L'ENTERREMENT Un impressionnant cortège de voitures a accompagné les dépouilles mortelles des deux enfants au cimetière de Zouaghi. Une foule émue, composée de voisins, de proches des familles Bendayra et Hachiche, des habitants de la nouvelle ville ou tout simplement des citoyens. Le cortège de la Protection civile et de la police a eu du mal à se frayer un chemin. A l'intérieur du cimetière, impossible de se rapprocher des membres de la famille des deux enfants, les pères et les oncles inconsolables étaient uniquement entourés de proches. Dehors, des dizaines de femmes étaient également présentes. Quant aux servies de sécurité, ils se faisaient discrets et ce, afin d'éviter tout débordement, nous a fait savoir un officier de la police. A noter la présence d'officiels dont le procureur général près la cour de Constantine et celle du wali. Au moment de l'enterrement, des milliers de personnes scandaient haut et fort « Allahou Akbar » ou encore « Chahid Habib Allah ». Dehors, les discussions tournaient essentiellement autour des deux auteurs présumés du meurtre. « Comment peut-on s'en prendre à des gosses de 10 ans et pour quelles raisons les a-t-on tués ? Heureusement que les auteurs ont été arrêtés. Nous attendons leur procès et, surtout, savoir pourquoi ils les ont assassinés ». « Nous sommes bouleversés par ce crime, et rien ne fera cesser la douleur des parents. La justice doit faire son travail », soulignaient des citoyens que nous avons interrogés. L'enterrement des deux garçons s'est déroulé dans le calme, les citoyens ayant tenu à respecter la douleur des familles, et aucun débordement n'a été signalé. UNE MARCHE PACIFIQUE POUR CANALISER LA COLÈRE Les appels au calme et à des rassemblements, à travers toute la wilaya de Constantine pour condamner le meurtre des deux enfants, ont été lancés. La société civile entend ainsi manifester, pacifiquement, son soutien aux parents des deux enfants. Aujourd'hui, une marche silencieuse est prévue à l‘université de Constantine 1 par les étudiants affiliés aux organisations estudiantines. Une autre sera organisée à Ali-Mendjeli, demain, après la prière du vendredi, une idée lancée par un collectif de citoyens qui veut condamner la violence sur les enfants, mais aussi pour canaliser l'agressivité des gens et manifester dans le calme. « Nous sommes contre toute forme de violence, au contraire ça ne peut qu'amplifier la douleur des familles », nous a expliqué l'un des organisateurs de cette initiative.