Spirale n Au fur et à mesure que fusent les accusations de part et d'autre, la tension est montée de plusieurs crans entre Islamabad et New Delhi. Des chasseurs indiens ont violé, hier samedi, l'espace aérien du Pakistan, selon Islamabad. L'Inde a nié toute incursion aérienne. Hier, samedi, à deux reprises, l'armée de l'air pakistanaise a contraint un avion militaire indien qui survolait son territoire à se replier, a affirmé, ce dimanche matin, la ministre de l'Information, Sherry Rehman. L'appareil indien a survolé à haute altitude la partie du Cachemire administrée par le Pakistan. «Nous avons contacté l'armée de l'air indienne et ils nous ont répondu que les violations avaient eu lieu par inadvertance. Nous ne souhaitons pas que la situation s'aggrave», avait tempéré Mme Rehman, avant que New Delhi ne démente catégoriquement. «Il n'y a eu aucune violation de l'espace aérien comme on nous en accuse», a déclaré le porte-parole de l'armée de l'air indienne, le commandant Mahesh Upasani. Par ailleurs, le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, a estimé, hier samedi, à Paris, que certains responsables indiens se servaient du Pakistan comme d'un «bouc émissaire», en l'accusant d'être l'«épicentre du terrorisme». «Pour des raisons de politique intérieure, des responsables indiens recherchent un bouc émissaire... Et quand vous voulez un bouc émissaire, le choix du Pakistan est une évidence», a-t-il affirmé. Jeudi, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, avait déclaré devant le Parlement : «Il faut réveiller la communauté internationale pour qu'elle s'occupe du terrorisme dont l'épicentre est situé au Pakistan.» «Nous devons surmonter nos disputes mesquines pour l'intérêt de toute la région», a souligné M. Qureshi. «Nous voulons être amis avec l'Inde, nous voulons commercer avec l'Inde (...) Nous voulons plus d'échanges culturels, a-t-il assuré. Le ministre a indiqué qu'Islamabad attendait toujours «des preuves» de la part de l'Inde de l'implication de Pakistanais dans les attentats de Bombay. «Nous ne démentons ni n'acceptons cela. Si vous avez des preuves, partagez-les avec nous», a-t-il dit à l'adresse de New Delhi, pour qui les dix assaillants impliqués dans les attentats de Bombay viennent du Pakistan. L'Inde a multiplié les menaces à l'égard du Pakistan depuis les attaques de Bombay, fin novembre, qui ont fait 172 morts, dont les neuf membres du commando, et exige de son voisin et rival de toujours qu'il lui livre 40 «terroristes». «Nous ne nous contentons pas d'attendre de l'Inde» l'identité des assaillants, mais «nous agissons par nous-mêmes», a assuré le ministre. Le ministre pakistanais des Affaires étrangères a également affirmé qu'il n'y avait aucune preuve de l'implication dans des actes terroristes de la Jamaat-ud-Dawa, une fondation caritative considérée comme une façade publique du Lashkar-e-Taïba, groupe islamiste armé interdit, accusé par l'Inde d'avoir perpétré les attaques de Bombay. «Ils gèrent des écoles, des hôpitaux, des dispensaires... Mais si cette organisation, ou certains de ses éléments, avaient recours à la violence», alors nous prendrions des mesures, a dit le ministre.