Abdullah Ocalan, le leader historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ouvre l'espoir d'une paix avec l'armée turque. Il a invité, jeudi, premier jour du Newroz, le nouvel an kurde et depuis son île-prison d'Imrali, en mer de Marmara, au large d'Istanbul, ses partisans à déposer les armes et quitter la Turquie. « Avec le feu du Newroz, des centaines de milliers, des millions de personnes remplissent les places et s'embrassent pour dire qu'elles veulent la paix, veulent la fraternité, veulent une solution. Une nouvelle ère débute, la porte s'ouvre pour le passage de la résistance armée à un processus politique et démocratique », dit-il au début de son message lu par des députés du Parti de la paix et la démocratie (pro-kurde) devant son « peuple » qui a salué cet appel à la paix et à « l'éveil d'une nouvelle Turquie, d'un nouveau Moyen-Orient, d'un nouveau futur ». Cet appel du leader turc n'est pas le premier. Un cessez-le-feu et un retrait de ses troupes annoncés en 1999 n'ont pas survécu à 2004. Neuf ans plus tard, les Kurdes, les Turcs, veulent croire en ce processus de paix qui « évolue positivement », selon le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan. Même si beaucoup admettent que les négociations pour mettre fin à un conflit a coûté la vie à 45.000 hommes en trois décennies seront longues et pleines d'embûches. Premier à réagir à cet appel, le PKK. « Tout le monde doit savoir que le PKK est aussi bien prêt à la paix qu'à la guerre. Nous allons, dans ce contexte, inscrire avec détermination dans les faits le processus lancé par Ocalan », indique Murat Karayilan, son chef militaire, ajoutant : « L'année 2013 sera celle d'une solution, par la guerre ou par la paix ». Ankara laisse entendre qu'il est disposé, lui aussi, à cesser les hostilités contre le PKK si « celui-ci arrête ses actions armées ». Selon Jane Kinninmont, une chercheuse au centre de réflexion Chatham House, basé à Londres, cet appel va « changer la donne » pour les millions de Kurdes, majoritairement sunnites, établis en Iran, en Irak, en Syrie et en Turquie.