Le khôl. Mot magique renvoyant à l'univers secret des femmes. Beauté éternellement féminine et geste gracieux de la main experte face au miroir complice. Tel est le khôl, poésie et émotion du regard, expression du tréfonds de l'âme. Maquillage des yeux sans pareil, la poudre noire ou bleutée fait encore des émules et pas seulement chez les grands-mères de l'Algérie profonde. Les mirettes dessinées d'un trait appuyé de cette fine poudre parfumée donnent le regard profond et mystérieux. La pierre d'antimoine, préparée selon différentes recettes familiales doit être broyée par sept jeunes filles et jeunes femmes durant sept jours. Mélangée au clou de girofle, parfum, huile d'olive, noyau de fruit, grain de poivre noir, le khôl est utilisé comme fard et également comme remède contre la forte luminosité du soleil et du sable du désert dans les zones du Sud. «Lemekhel», la petite fiole qui accueillera le rimmel version orientale peut être un roseau, un flacon en cuivre ou en argent ou tout simplement en verre. L'application ne peut se réaliser sans le «merwed», ce bâtonnet fin, léger fabriqué en bois noble et trempé dans de l'huile d'olive durant quelques jours. Les poètes et autres aèdes ont toujours chanté le khôl, la rencontre avec le regard de braise de la femme aimée, l'amie ou l'amante. Ainsi Eugène Delacroix a chanté les yeux de ces belles passés au khôl : «Tout le monde connaît le charme de ces yeux orientaux dont l'éclat s'augmente de cette ligne noire due à l'emploi du khôl, en usage dans tout le Levant. Cette invention donne à l'oeil un attrait tout particulier, je ne sais quoi de léonin et d'un peu farouche qui anime ces petites mines douces et régulières».