Aucune date précise ne peut être fixée pour le retrait des troupes françaises, engagées depuis le 11 janvier dans l'opération Serval. Telle est en substance la conviction qui s'est dégagée de la réunion d'information des parlementaires tenue, lundi soir, à Matignon. Lors de cette rencontre qui a regroupé autour du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, l'éventualité de la prolongation de la présence militaire au-delà du 11 mai 2013, soumise du reste à une autorisation du Parlement conformément aux dispositions de l'article 5 de la Constitution, a été envisagée. Le coup de barre de Paris, abandonnant l'hypothèse d'un retrait rapide en mars-avril avancé par l'Elysée et le Quai d'Orsay, surprend. La France, qui « n'a pas vocation à rester éternellement » au Mali, revoit son calendrier adapté aux contingences de la transition imposées à la fois par le redéploiement de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) et la constitution en définitive de la mission onusienne. Le retrait « échelonné », fixant autour de 3 000 soldats (contre 4 000 actuellement) en juillet la force d'intervention au Mali, ne déteint pas sur l'optimisme exprimé par le président du Sénat, Jean Pierre Bel. « La Misma est de plus en plus présente sur le terrain et la perspective, c'est de passer vers une transition pour que l'opération militaire des Nations Unies puisse se mettre en place, très vraisemblablement entre juillet et septembre », a-t-il souligné. Le désengagement ne sera pas pour bientôt. Des associations anti-colonialistes, réunies à Paris en février, ont ainsi tiré la sonnette d'alarme sur les conséquences « dévastatrices » de l'opération Serval inscrite, désormais, dans la durée. « Avec un objectif politique aussi flou et malléable que « la lutte contre le terrorisme », une telle guerre peut être sans fin », ont averti le Collectif Sortir du colonialisme, Survie et l'Association française de soutien aux peuples d'Afrique (Afaspa). Bien que réduite à sa plus simple expression, la menace d'Aqmi au « rein brisé » reste, néanmoins, présente à Gao et alentours qui ont été le théâtre d'affrontements entre les troupes coalisées et les combattants islamistes. A Bamako, le défi de l'élection présidentielle, qui ne peut s'organiser en un « claquement de mains », selon l'appréciation du président de l'Assemblée nationale française, Claude Bartolone, en visite à Gao, mobilise le Premier ministre malien, Diango Cissoko, et la classe politique en concertation avec les partenaires étrangers pour discuter de « tous les scénarios possibles ». Le retour à l'ordre constitutionnel est la voie royale du retour au bercail des troupes françaises.