La Corée du Nord est de nouveau en « état de guerre ». Elle le fait savoir chaque jour. Ainsi, après voir procédé à l'annulation de l'armistice qui a mis fin aux trois années de guerre civile (1950-1953), Pyongyang a annoncé, hier, le réaménagement et le redémarrage de toutes les installations de son complexe nucléaire de Yongbyon qui comprend notamment un site d'enrichissement d'uranium et un réacteur de cinq mégawatts arrêté en 2007. Ce réacteur était la seule source de plutonium pour le programme nucléaire militaire du Nord qui en disposerait encore suffisamment pour produire entre quatre et huit bombes. La guerre froide reprend donc ses droits dans la péninsule coréenne menacée de déflagration régionale. Le défi nord-coréen, conçu comme une riposte aux manœuvres américano-sud-coréennes, se justifie par la volonté de « renforcer (son) arsenal nucléaire à la fois en qualité et en quantité » et la nécessité d'œuvrer à la résolution de « graves » pénuries d'électricité, a souligné un responsable nord-coréen cité par l'agence de presse, KCNA. Mais, en faisant fi des nouvelles sanctions édictées par le Conseil de sécurité et des injonctions de Washington, la Corée du Nord entend donner un nouveau souffle à ses ambitions nucléaires, révélées, en 2006, lors de son premier essai réussi, et abandonnées, en 2007, en échange d'une aide économique et des garanties de sécurité pour reprendre de plus belle avec les tirs de missiles balistiques qui ont mis fin à l'accord en question. Le « réaménagement » et la « modification » de certains équipements du complexe de Yongbyon s'interprètent comme une tentative de conversion en une unité d'enrichissement capable de produire de l'uranium à usage militaire. « La modernisation de l'énergie nucléaire est une clé (...) du développement de la technologie pour produire des armes nucléaires plus légères, miniaturisées, d'un tout autre niveau », avait prévenu, dimanche, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Des doutes sont émis sur la nature des activités d'enrichissement qui risquent de mettre le feu aux poudres. Le bras de fer prend davantage d'intensité avec le positionnement, au large des côtes nord-coréennes, d'un destroyer US, l'USS Fitzgerald, capable d'intercepter des missiles, et la présence de bombardiers B-52 et B-2, ainsi que de chasseurs F-22 dans le ciel sud-coréen. Qui évitera le pire ? Le SG des Nations unies, Ban Ki-moon, qui reconnaît que la crise était « déjà allée trop loin », a averti que « les menaces nucléaires ne sont pas un jeu ».