Depuis l'indépendance de l'Algérie, 6 797 personnes ont été victimes des mines antipersonnel, dont 3 255 sont décédées et 3 542 handicapées. Il s'agit là d'un bilan approximatif du ministère des Moudjahidine, communiqué, hier, par Messaoud Adimi, ancien officier à la retraite de l'Armée nationale populaire lors de son passage au forum El Moudjahid. Il a indiqué que l'Algérie devait achever l'opération de déminage en vertu de la convention internationale d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel en 2012, mais pour des raisons « matérielles et logistiques », elle a demandé un délai supplémentaire de cinq ans. M. Adimi a profité de l'occasion pour demander à la France officielle « de mettre la main à la poche pour contribuer au déminage des champs de mines en vue d'assainir les régions concernées, et présenter également des excuses à l'Algérie pour les crimes commis durant la guerre de libération ». Il a souligné que la France a refusé, après l'indépendance, de livrer à l'Algérie les cartes des implantations de ces engins de la mort même s'il estime que celles-ci n'ont plus aucune valeur compte tenu des changements climatiques et de l'érosion des terres ayant fait que les mines soient éparpillées et délocalisées. Pour étayer ses dires, il a fait savoir que cette « arme meurtrière », dont le poids ne dépasse pas les 7 grammes, coûtait à peine 3 dollars alors que le déminage d'une seule mine nécessite 400 à 700 dollars. L'Algérie a adopté un plan national de déminage en 1963. Depuis cette date, 7,9 millions de mines ont été désactivées. Sur les 11 millions recensées, il reste à assainir trois autres millions. L'Algérie a commencé à subir les séquelles de ces mines depuis la Seconde Guerre mondiale, durant le colonialisme et pendant la tragédie nationale. La France coloniale a miné les frontières tout au long des lignes Challe et Morice et autour de ses unités d'intervention durant la révolution. Les groupes terroristes ont aussi implanté des mines artisanales. Toutes les régions algériennes sont concernées par ce « mal dormant », a affirmé Mohamed Djouadi, président de l'association nationale de protection des victimes des mines antipersonnel. Il a regretté le fait que la « France coloniale puisse continuer à faire des victimes de sa sale guerre même après son départ à cause de ses mines difficiles à détecter ». Salima Rebbah, représentante de Handicap International, a affirmé que l'Algérie continue d'améliorer ses services en termes d'assistance aux victimes, soulignant qu'elle n'a pas attendu la convention d'Ottawa pour entamer le déminage. Messaoud Adimi a regretté, toutefois, « l'inexistence » d'une instance en charge directement des victimes des mines antipersonnel. « Celles-ci ne sont même pas recensées », affirme-t-il, tout en souhaitant les considérer comme des chouhada.