Le désamorçage d'une seule mine revient à 1000 dollars US. Le symposium sur la mise en œuvre de la Convention d'Ottawa, interdisant l'utilisation des mines antipersonnel, organisé depuis hier à l'hôtel Sheraton par le ministère de la Solidarité nationale a mis en exergue les difficultés rencontrées dans l'éradication de ces bombes qui continuent à faire des victimes des dizaines d'années après l'arrêt des hostilités armées. L'Algérie est un cas illustratif du phénomène. Comme l'a souligné le chef de l'état dans une allocution lue à l'assistance par le ministre de la solidarité nationale, le pays “qui a souffert pendant la période coloniale et ensuite au cours de la période la plus sombre de son histoire des ravages provoqués par les mines antipersonnel est aujourd'hui, à plus d'un titre, particulièrement sensible à ce fléau et déterminé à apporter sa contribution pour son éradication”. Selon le ministre délégué aux collectivités locales, Daho Ould Kablia, l'armée coloniale a enterré, durant la guerre de libération nationale, plus de 10 millions de mines dans les champs tracés par les lignes Challes et Morice. “Les Français ont planté 3 000 mines par m2.” Selon le membre du gouvernement, les mines antipersonnel ont fait près de 1 200 morts et 2 328 blessés entre 1957 et 1962. à partir de cette date, 1 341 victimes de la guerre ont été recensées. Près de 8 millions de mines ont été désamorcées entre 1963 et 1988. Les unités spécialisées de l'ANP ont procédé, au Polygone central de l'air de Hassi Bahbah (Djelfa) jusqu'au 19 avril dernier, à la destruction de 93 461 mines, soit 62% du stock militaire destiné à la disparition conformément aux obligations posées par la Convention d'Ottawa aux nations l'ayant ratifiée. Malgré leur bonne volonté, les autorités algériennes se heurtent, tel que l'a relevé Mohamed Djouadi (président de l'association nationale des victimes des mines antipersonnel), à l'indisponibilité d'une cartographie des zones minées par les militaires français. Le coût extrêmement élevé des opérations de déminage (le désamorçage d'une seule mine revient à 1 000 dollars américains) s'érige, en outre, en un immense obstacle à l'éradication du phénomène. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohammed Bedjaoui, a requis une aide financière consistante des pays développés pour soulager les charges des états moins riches, tels que l'Algérie, induites par les campagnes de déminage, mais aussi la prise en charge des victimes de ces bombes. Interpellé sur cette question, le chef de la délégation du Comité international de la Croix-rouge, Olivier Dürr, en Algérie, a soutenu que pour l'heure le seul programme mis en œuvre avec le Croissant-rouge algérien consiste en la formation de secouristes. “Nous identifierons les besoins de l'Algérie en marge de ce symposium”, promet-il. Le gouvernement canadien a néanmoins d'ores et déjà proposé une assistance médicale et psychologique. Il s'engage, en outre, à financer des programmes de formation destinés aux handicapés. Ces derniers souffrent, entre autres maux, de l'insuffisance de structures de réadaptation fonctionnelle et notamment du manque d'initiatives en faveur de leur réinsertion sociale (ils perçoivent une pension mensuelle variant entre 1 000 et 3 000 dinars). Les associations nationales ou locales à l'instar de Irada (volonté) activant à El-Tarf manquent de moyens financiers et logistiques pour venir en aide efficacement aux victimes. S. H.