La Corée du Nord enchaîne les menaces et ses démonstrations de force. Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, elle a hissé un 2e missile d'une portée de 3.000 kilomètres et informé les missions diplomatiques qu'elle est incapable de garantir leur sécurité à partir du 10 avril en cas de conflit. « Il a été confirmé que la Corée du Nord a transporté par train, en début de semaine, deux missiles Musudan de moyenne portée, vers la côte est et les a installés sur des véhicules équipés d'un dispositif de lancement », écrit l'agence citant un haut responsable du gouvernement. Pyongyang serait-elle prête à tirer ces missiles le 15 avril, date-anniversaire de la naissance de Kim Il-Sung, fondateur du régime, mort en 1994, comme le redoute Séoul qui a déployé deux destroyers équipés de radars perfectionnés, un au large de la côte est et l'autre, de la côte ouest et mis en alerte ses 5.000 blindés, ses 460 avions de combat et ses 111 navires de guerre ? Pyongyang, qui a annoncé, jeudi, avoir approuvé le « projet d'opérations militaires contre les Etats-Unis », a prévenu au milieu de semaine passée, qu'une guerre pourrait éclater « aujourd'hui ou demain ». « Les Etats-Unis feraient mieux de réfléchir à la grave situation actuelle », dit-elle, attribuant aux vols de bombardiers B-52 et B-2 américains au-dessus de la Corée du Sud, à l'occasion de manœuvres communes américano-sud-coréennes, l'origine de l'aggravation de la crise. Washington, qui ne croyait pas, il y a une semaine, à une attaque nord coréenne, dit avoir pris « toutes les précautions nécessaires ». Parmi celle-ci, l'envoi d'intercepteurs de missiles pour protéger ses bases à Guam, île du Pacifique située à 3.380 km de la Corée du Nord et où se trouvent 6.000 soldats américains. Moscou et Pékin observent avec inquiétude ces échanges. Elles demandent à « toutes les parties concernées de faire preuve de retenue ». Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, tente de calmer le jeu, lui aussi. « La menace nucléaire n'est pas un jeu », dit-il craignant « une erreur de jugement » et un « dérapage de la rhétorique guerrière ». Prévenant, les chefs de missions diplomatiques des pays de l'Union européenne présents en Corée du Nord se réuniront, aujourd'hui, à Pyongyang pour décider d'une éventuelle action pour retirer leur personnel diplomatique. La Corée du Nord n'a d'autre choix que de « faire face » aux Etats-Unis, estime l'Iran. Soixante ans après l'armistice de 1953 entre les deux Corée, la situation dans la péninsule n'a jamais paru aussi explosive.