La visite, vendredi, à Juba, du président soudanais, Omar El Bachir, et les déclarations de bonnes intentions qu'il a adressées à son homologue sud-soudanais, Salva Kiir, ont porté leurs premiers fruits, bien que l'histoire récente témoigne de la fragilité des tentatives de rapprochement entre les deux « frères ennemis ». Pour autant, l'heure est, aujourd'hui, à l'apaisement. Preuve suprême : un responsable du ministère soudanais du Pétrole, Awad Abdul Fatah, a annoncé, hier, que le pétrole brut extrait des réserves sud-soudanaises transite à nouveau par le Soudan, après plus d'un an d'une interruption. Une suspension qui a fait perdre des milliards de dollars aux deux pays. Le Soudan du Sud, qui a hérité de 75% des réserves de pétrole lors de la partition mais dépend des infrastructures soudanaises pour exporter son or noir, avait repris en grande pompe, début avril, sa production de brut, dont la Chine est le principal client. Juba avait interrompu, début 2012, cette production, qui représentait pourtant 98% des recettes du pays, parce que Khartoum effectuait des prélèvements en nature sur son brut au titre des droits de passage, faute d'un accord sur leur montant. Lors de nouvelles négociations, en mars, sous l'égide de l'Union africaine à Addis Abeba, les deux parties sont parvenues à s'entendre sur un calendrier pour refaire circuler le pétrole et régler d'autres différends. Le responsable soudanais précise, néanmoins, qu'il s'agissait encore d'une « petite quantité » destinée à tester le bon fonctionnement de la procédure et non d'une reprise effective. Autre dossier épineux : la région frontalière et pétrolifère d'Abyei, violemment disputée par les deux voisins. Là aussi, l'apaisement est au rendez-vous. Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué le dialogue « positif » entre les présidents des deux Soudans qui se sont engagés à poursuivre leurs efforts pour résoudre cette crise. Le Secrétaire général s'est déclaré « encouragé par les discussions constructives qu'ils ont eues sur la mise en oeuvre des accords qu'ils ont signés à Addis-Abeba, en septembre 2012, et les invite à maintenir cet élan ». Sur un autre front, non moins délicat, à savoir le Darfour, un groupe de 14 soldats soudanais, pris en otage par des rebelles de la région, ont été libérés, samedi, par leurs ravisseurs, selon le Comité international de la Croix-rouge (CICR).