Le président soudanais Omar el-Béchir est arrivé, hier à Juba, pour sa première visite au Soudan du Sud depuis celle effectuée en juillet 2011 à l'occasion de la proclamation d'indépendance du pays, un déplacement destiné à apaiser les tensions entre les deux voisins. Le président Béchir a été accueilli à l'aéroport par son homologue sud-soudanais Salva Kiir, qui lui a présenté son gouvernement. Les deux hommes ont écouté les hymnes des deux pays et devaient se rendre ensuite au palais présidentiel pour des entretiens dont le contenu n'a pas été précisé. C'est également la première visite au Soudan du Sud de M. Béchir, depuis les affrontements frontaliers du printemps 2012, quand les tensions entre les deux pays avaient atteint leur paroxysme. Un déplacement prévu du président soudanais à l'époque avait été annulée. Elle intervient après la signature le 12 mars à Addis Abeba d'un énième accord entre les deux pays qui a cette fois-ci permis de relancer la production pétrolière du Sud, à l'arrêt depuis janvier 2012 et qui devrait commencer fin mai à être injectée dans les oléoducs soudanais, indispensables à son exportation via Port-Soudan sur la Mer-Rouge. La capitale sud-soudanaise était placée, hier matin, sous très haute sécurité. Les rues, flanquées de nombreux policiers, étaient réservées aux véhicules officiels et les piétons régulièrement contrôlés. Le Soudan du Sud a conquis son indépendance après une longue guerre civile (1983-2005) contre le pouvoir de Khartoum, dont M. el-Béchir, fut un des chefs militaires notamment chargé des opérations contre la rébellion sudiste, avant de prendre le pouvoir en 1989. L'accord de paix signé en 2005 par Khartoum et Juba, qui a mis fin à la guerre civile et débouché sur la partition du Soudan, a laissé de nombreuses questions en suspens, notamment le partage des ressources pétrolières, le tracé de la frontière ou l'avenir de la zone frontalière contestée d'Abyei. Les graves combats frontaliers du printemps 2012, sur lesquelles avaient dégénéré ces tensions, avaient fait craindre une reprise d'un conflit ouvert entre les deux anciens ennemis. En janvier 2012, le Soudan du Sud, enclavé mais qui a récupéré à son indépendance 75% de la production pétrolière du Soudan pré-partition, avait stoppé sa production, furieux que Khartoum ait prélevé de son brut pour se payer, faute d'accord sur les frais de transit du pétrole sud-soudanais dans ses oléoducs. Cet arrêt de la production a mis les économies des deux pays à genoux.