La région soudanaise du Darfour n'est plus en guerre, affirme le chef sortant des opérations militaires de la force de maintien de la paix ONU-Union africaine (Minuad), Martin Luther Agwai. Des incidents pourraient toutefois affecter pendant des années cette région occidentale du Soudan, en proie à la guerre civile depuis 2003, si aucun accord de paix n'est trouvé, dit-il à la presse à Khartoum. « Militairement, il n'y a pas grand chose. Il y a plutôt, laisse-t-il entendre, des problèmes de sécurité. Banditisme, problèmes localisés, des gens qui essaient de résoudre des problèmes touchant à l'eau ou aux terres à un niveau local ». Raison de ce progrès ? Les divisions apparues dans les mouvements rebelles. « A l'exception du Mouvement pour la justice et l'égalité, je ne vois pas d'autre groupe qui puisse lancer une attaque sur le terrain ». Même le JEM, auteur l'année dernière d'une offensive sans précédent dans la capitale soudanaise, est encore capable de mener des assauts sporadiques mais plus de reprendre des territoires entiers, estime Agwai. Cette thèse a rapidement été démentie par le chef du JEM, Khalil Ibrahim, qui a déclaré que le Darfour connaissait effectivement une période de tranquillité mais que c'était « le calme avant la tempête ». « Dans les prochains jours, il (Agwai) va comprendre qu'il a tort. C'est juste un politicien qui ment pour faire croire qu'il a remporté un succès au Darfour », a-t-il dit. « Si la guerre est un conflit où vous attaquez, puis vous retournez à la maison et attendez trois, quatre ou cinq mois avant de recommencer, alors le Darfour est en guerre. Mais si ce n'est pas votre définition, alors il n'y a pas de guerre au Darfour », répond M. Agwai qui a renforcé la position du représentant spécial de l'Onu au Darfour, Rodolphe Adada, qui quittera lundi prochain ses fonctions suite à sa démission en juillet dernier. En avril dernier, celui-ci avait estimé que la région de l'Ouest soudanais était désormais en proie à un « conflit de faible intensité », ce qui avait provoqué la colère de plusieurs diplomates, des chefs rebelles, et des groupes de pression pour qui cette région est le théâtre d'un génocide orchestré par le président soudanais Omar Al-Bachir. «Oui, j'ai touché à un tabou », a répondu Adada, un tabou « commercial qui dit que le génocide continue ». « Amener les mouvements et le gouvernement à s'asseoir ensemble. La difficulté, elle est là, pas ailleurs », dit Rodolphe Adada. La Ligue arabe, l'UA, l'ONU font de leur mieux pour organiser une rencontre à Doha afin d'arriver à un règlement définitif au conflit comme le prévient l'« accord de confiance » signé en février entre le gouvernement soudanais et le JEM. Le médiateur en chef conjoint UA-ONU pour le Darfour, M. Djibril Bassolé a déclaré à l'issue de sa rencontre mercredi soir avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, que deux rencontres, sur ce sujet, sont prévues au sommet de l'UA qui se tiendra prochainement à Tripoli et en marge de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre.