Le Centre international des études pénitentiaires de Londres applique depuis juin 2008 un programme de gestion inspiré de son expérience sur 4 prisons pilotes algériennes et ce dans le cadre de la coopération internationale dans ce domaine. Constat fait : l'Algérie désire réellement adopter une nouvelle approche devant améliorer la situation de ses établissements pénitentiaires, ayant pour majeur problème la surpopulation. C'est ce qu'a affirmé, hier, Andy Barclay, directeur général de ce projet dans le cadre d'une conférence de presse animée conjointement avec Mokhtar Felioune, directeur de l'administration pénitentiaire. Cet expert ayant plus de 20 années d'expérience ne nie pas que l'Algérie a beaucoup avancé en termes de prise en charge des détenus en respect des conventions internationales qu'elle a ratifiées. «Je suis impressionné par la volonté algérienne de vouloir passer d'une approche se focalisant uniquement sur le côté sécuritaire des prisons à une approche qui insiste sur une meilleure prise en charge des prisonniers», déclare-t-il en témoignant que la surpopulation des prisons n'est pas propre à l'Algérie mais concerne beaucoup d'Etats. Pour Andy Barclay, la politique du ministère de la Justice de construire de nouvelles prisons pour remédier à cette contrainte est bonne. Toutefois, il précise que «plus on construit de nouvelles prisons, plus on aura des prisonniers dedans». Donc, il faut penser à autre chose, selon lui. Et c'est là où intervient la mission de ce Centre international devant appliquer un programme en Algérie à l'horizon 2010. «DES NORMES ADAPTÉES À LA RÉALITÉ ALGÉRIENNE» Conscient que les lieux d'incarcération «doivent être destinés uniquement pour les plus dangereux», M. Barclay estime qu'il faut mettre le paquet sur le volet réinsertion, en disant qu'il est ravi d'apprendre que l'Algérie a déjà envisagé de mettre en application des peines alternatives. L'expert anglais a fait savoir que dans le cadre de ce projet appliqué sur quatre prisons, à savoir El Harrach, Tidjelabine, Boufarik et Boussouf à Constantine, il a écouté les doléances des détenus. «Quelqu'un qui se douche une fois par semaine, change de vêtement une fois par semaine et cohabite avec cinq ou six personnes, ne peut pas être satisfait, dignité personnelle oblige», déclare-t-il en affirmant que beaucoup d'efforts sont en train de se faire par les autorités algériennes pour justement adapter les conditions au sein des prisons à la donne sociale prévalant à l'extérieur de ces établissements. N'empêche que le «minimum de normes édictées par les Nations unies en 1957 est respecté par l'Algérie» que ce soit au plan de la prise en charge sanitaire, formation, enseignement et surtout des droits de l'homme. Chose que confirme à nouveau M. Felioune on précisant néanmoins que «nos prisonniers se douchent au moins deux fois par semaine et le niveau de nos prisons est très appréciable». M. Felioune indique que grâce à la formation, depuis 2006, 8778 libérations conditionnelles ont été décidées. Et il n'y a eu de récidive que pour un seul cas. Pour cette année, 20457 détenus se sont inscrits pour suivre des formations dans les trois cycles. Interrogé en marge de cette rencontre sur le rapport d'Etat américain ayant brossé un tableau noir sur la situation des prisons algériennes, l'expert Andy Barclay dit ne pas connaître les contours de ce rapport, mais, tient-il à préciser, «aucun élément n'indique qu'il y a torture dans les des prisons algériennes», en se référant aux visites qu'il a effectuées dans ces établissements. PEINE ALTERNATIVE D'INTÉRÊT GÉNÉRAL, «PAS D'EFFET RÉTRACTIF» Pour sa part, Mokhtar Felioune indique que la peine alternative d'intérêt général prendra effet avant la fin du mois en cours. Expliquant sur sa lancée que cette peine de substitution ne sera pas appliquée avec un effet rétroactif. Notons que cette nouvelle mesure s'inscrit dans le cadre de l'amendement du code pénal fraîchement adopté par le Parlement. Karima Alloun.