La surcharge, dont souffrent les prisons algériennes, s'accompagne de terribles conditions carcérales, observent les experts du Centre international des études pénitentiaires britannique. Ils ont été sollicités pour la mise en place d'un programme de gestion, répondant aux normes internationales, pour quelques prisons pilotes. Les conditions de détention dans certaines prisons algériennes sont jugées «inacceptables». «Elles sont surchargées et les détenus sont souvent privés de leur dignité.» C'est ce qui ressort de la conférence de presse animée, hier, mercredi, par Andry Bracly représentant du centre international des études de prison à Londres. Bracly déplore le fait que «les prisonniers sont entassés à 10 ou 20 dans une même cellule et n'ont le droit de changer leurs vêtements ou prendre une douche qu'une fois par semaine». La solution préconisée par les responsables de ce secteur, bien que louable, reste insuffisante et loin de constituer la bonne alternative, selon lui. Celle-ci consiste à construire de nouvelles structures pénitentiaires. «Plus on construit de prisons, plus on aura de prisonniers», a-t-il estimé. Pour lui, la prison doit être le dernier recours et doit être exclusivement réservée aux criminels les plus dangereux. Dans ce sillage, l'expert britannique a tenu à révéler que de nombreux détenus dans les prisons algériennes peuvent facilement être intégrés dans la société. Il suggère à ce titre le recours au paiement de caution, comme cela se fait dans d'autres pays, accompagné de quelques restrictions. L'important, dit-il, «est de corriger ces individus en les gardant dans la société et en leur évitant l'impact négatif de la prison». Bracly a, par ailleurs, longuement mis en relief le but de la présence anglaise en Algérie, qui s'inscrit dans le cadre de la mise en place d'une nouvelle stratégie de gestion des prisons. Ce programme de coopération qui a été entamé en 2007 s'étalera jusqu'à 2010. L'Algérie a besoin de l'expérience et l'expertise britanniques pour «adapter son système de gestion des prisons aux normes internationales notamment en matière de respect des droits de l'homme», a indiqué l'hôte de la direction pénitentiaire nationale. La visite qui a conduit les experts britanniques aux quatre prisons pilotes, a permis au groupe de prendre connaissance de la situation de ces structures en matière de prise en charge sanitaire, formation et animation culturelle. Le programme que comptent élaborer ces spécialistes pour la gestion de ces prisons, sera «au cas où il prouverait son efficacité, généralisé à toutes les prisons algériennes», affirme Mokhtar Felioun le directeur général des prisons. M.Felioun a émis le vœu de faire profiter tous les responsables des prisons algériennes de l'expérience britannique. Et ce, en perspective de l'élaboration d'un système pénitentiaire «capable de protéger la société du crime et de réinserer le prisonnier dans la société avec moins de dangers», a-t-il ajouté. Outre les rencontres avec les responsables de prison et les magistrats dont le débat a, notamment, porté sur la prise en charge des prisonniers mineurs et les femmes avec enfants, les spécialistes anglais ont eu à encadrer des séances de formation au profit des cadres de l'administration pénitentiaire. Ces formations ont plus particulièrement mis l'accent sur les normes internationales de la gestion des prisons et les droits de l'homme. «Notre but est de soutenir le gouvernement algérien dans la mise en œuvre d'un système de gestion des prisons conforme aux normes internationale», a réitéré le représentant du Centre international de la gestion des prisons.