C'est aussi un processus qui suit son cours depuis que le ministère de la Culture a décidé de prendre en charge la protection sociale des artistes, à travers notamment l'installation du Conseil national des arts et des lettres que préside le musicologue Abdelkader Bendameche. « L'appui du Premier ministre nous est très utile. Il va nous aider. Il apporte son grand soutien à une mission que le ministère de la Culture a enclenchée précédemment, pour protéger socialement les artistes. Ils pourront donc travailler et créer dans la sérénité », déclare-t-il. Voilà qui met du baume au cœur et de la fraicheur à l'esprit et qui offre une voie royale pour la création. C'est un sentiment réel que les artistes de tout bord revendiquent, non sans un pincement au cœur. « Cette décision est bénéfique à l'artiste qui a trop souffert. Il va, sans doute, travailler plus sereinement à l'avenir. J'espère que cette décision d'octroyer une retraite à l'artiste sera conséquente. Si elle prend en considération tous les éléments qui entourent la vie de l'artiste, je pense que celui-ci peut s'investir durablement et dignement dans sa mission de créer », déclare le chanteur Djemaoui Sadek. Un constat partagé par le plasticien Mohamed Massen qui insiste, toutefois, sur l'appréciation des critères. « Il est très important d'octroyer une retraite aux artistes. Pour un artiste qui travaille toute une vie et qui vit très difficilement du produit de son art, c'est un dû. Il ne faut pas que nos artistes crèvent la dalle, traînent dans les rues et commencent à mendier. Il faudrait que ces artistes aient une fin de vie digne. Il faut leur assurer une retraite pour qu'ils puissent sauvegarder leur dignité et produire de manière épanouie. C'est dire que la retraite est une nécessité. Toutefois, il faut définir les critères et il faut surveiller si les critères sont appliqués ou pas », laisse-t-il entendre. Ils se trouvent également des artistes qui ont œuvré toute leur vie dans le monde de la photographie sans, pour autant, jouir d'une retraite. C'est le cas du photographe professionnel Ali Hefied. « J'ai vécu 70 ans, et après plus d'un demi-siècle de carrière de photographe, je ne dispose même pas encore de l'espoir de bénéficier, un jour, d'une retraite. La plupart des organes avec lesquels j'ai travaillé n'existent plus juridiquement et je ne pourrais donc même plus me prévaloir d'une quelconque activité avec eux, et, par conséquent, bénéficier éventuellement d'une retraite », indique-t-il.