L'homme qui fabriquait des bombes pour les faire exploser à Alger est immortalisé dans une œuvre intitulée « Taleb Abderrahmane, guillotiné le 24 avril 1958 ». Une publication signée par l'écrivain et chercheur en histoire, Mohamed Rebah, qui l'a dédicacée, samedi dernier, à la librairie Kalimat (les mots) où une foule nombreuse est venue s'offrir le livre. Comment l'idée est venue pour consacrer une œuvre écrite sur la base de témoignages ? « J'ai pris Taleb comme symbole de toute la jeunesse studieuse et travailleuse de la Casbah. C'est aussi un symbole de l'enfant qui a lutté pour acquérir le savoir, il a grimpé de l'école primaire au collège moyen, puis au lycée avant d'atterrir à la faculté des sciences. Ce n'est pas chose aisée à l'époque. C'est également le symbole de l'enfant de l'ouvrier qui, le matin à l'aube, quittait la ville « indigène », pour aller gagner le pain de ses enfants dans la ville européenne. Taleb représente, en outre, tous les gens de ma génération », a déclaré l'auteur. Utilisant la méthode historique, celui-ci s'est appuyé sur des témoins qui étaient là pour dresser un portrait et présenter le chemin parcouru par Taleb Abderrahmane, dont l'engagement pour son pays a été sans limite. « Evidemment, sa vie est brève puisqu'il a été exécuté à l'âge de 28 ans. Je raconte quand est-ce qu'il né. Il est né en 1930 au moment où les Français célébraient le centenaire et pensaient qu'ils étaient éternels. C'est cette génération, qui est sienne, qui a lutté et mené le combat vers l'indépendance de l'Algérie », explique-t-il. Interrogé pour savoir ce qui l'a le plus marqué, l'auteur évoque une date historique. « A la date du 10 août 1956, les partisans de l'Algérie française, alors encouragés par le gouvernement français de l'époque, ont placé une bombe au cœur de la ville « indigène », pour provoquer et faire peur. La population a voulu descendre à la ville européenne pour se venger, et la direction du Front de libération nationale (FLN) qui était à Alger leur a dit que (nous nous) en occupons. Il fallait riposter avec la même arme (bombe), et cette arme, c'est Taleb Abderrahmane qui l'a fabriquée. Il était au maquis et on lui a fait appel. La bataille d'Alger, c'est lui... », fait-il observer. L'auteur envisage un autre livre, qui traite des camps de regroupement dans la région de Cherchell. « Il est question de paysans qui étaient chassés de leurs maisons pendant que les zones interdites ont été installées. On a brûlé leurs maisons et on les parqués dans des camps. J'ai trouvé des témoins qui sont prêts à raconter les faits tels qu'ils ont eu lieu », fait-il remarquer. Rabah Douik « Taleb Abderrahmane guillotiné le 24 avril 1958 » de Mohamed Rebah, Edition Apic, 100 pages, prix public : 500 DA.