La prudence affichée jusqu'ici par le président américain, Barak Obama, quant à l'éventualité d'une intervention étrangère en Syrie n'est pas pour rassurer Moscou. Serguei Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, est monté au créneau pour faire pièce à toutes les velléités belliqueuses des Occidentaux. Notamment, les membres du Conseil de sécurité qui ont plaidé, jeudi, à l'issue d'une réunion à New York, pour l'envoi d'experts internationaux dans les camps de réfugiés en Jordanie, sous une bannière « humanitaire ». « S'il y avait une tentative d'utiliser la situation des réfugiés syriens pour mettre en avant des idées, comme une zone de non-survol, alors, nous pourrions, avec la Chine, voir cela comme une tentative de préparer une intervention étrangère », a mis en garde le chef de la diplomatie russe, évoquant une « tentative » pour préparer une intervention étrangère. Pour lui, seul le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) « est compétent pour organiser les visites de camps de réfugiés qui ont été installés par l'ONU. Non pas le Conseil de sécurité ». M. Lavrov durcit le ton, trois jours avant sa rencontre, à Moscou, avec son homologue américain, John Kerry, dont le pays n'exclut pas officiellement l'option militaire, malgré les « hésitations » de son Président. Ce dernier a déclaré, le même jour, « ne pas prévoir a priori » d'envoyer des soldats américains sur le territoire syrien « s'il était prouvé que le régime de Bachar Al Assad avait eu recours à son stock d'armes chimiques ».M. Obama a estimé que « la possibilité existe que (ces armes) arrivent dans les mains d'organisations, comme le Hezbollah ». Une hypothèse qui semble obséder l'armée israélienne qui aurait mené, ce week-end, un raid en Syrie visant des « armes destinées au mouvement libanais ». Les responsables israéliens se sont gardés officiellement de tout commentaire, bien que certains, sous couvert de l'anonymat, parlent de bombardement visant un convoi de missiles destinés aux combattants du Hezbollah. Côté syrien, le représentant syrien à l'ONU, Bachar Jaâfari, a démenti cette attaque.