Le conflit a fait, selon l'ONU, plus de 60 000 morts depuis mars 2011, mais M.Lavrov a répété que c'était au peuple syrien de «décider de son sort, sans intervention extérieure». Le secrétaire d'Etat américain John Kerry Rencontrait hier à Berlin son homologue russe Sergueï Lavrov pour tenter de trouver une issue en Syrie, à deux jours d'une réunion internationale à Rome à laquelle le chef de la diplomatie américaine a convaincu l'opposition syrienne de participer. Ces tractations diplomatiques en Europe se déroulent au moment où le régime du président Bachar al-Assad se dit prêt, pour la première fois, à dialoguer avec les rebelles armés pour mettre fin à la guerre. Cette offre de négociations a toutefois été rejetée par les insurgés tant que M. Assad restera au pouvoir. M. Kerry effectue jusqu'au 6 mars sa première tournée à l'étranger de ministre des Affaires étrangères et profite de l'étape berlinoise pour rencontrer en tête-à-tête M. Lavrov. Les deux hommes se connaissent du temps où le nouveau secrétaire d'Etat était président de l'influente commission des Affaires étrangères du Sénat. Washington a fustigé pendant des mois l'intransigeance russe, avant d'adoucir un peu ses critiques. Un responsable du département d'Etat a ainsi expliqué aux journalistes accompagnant M. Kerry que «la Russie peut jouer un rôle crucial pour convaincre le régime (syrien) (...) de la nécessité d'une transition politique». Le diplomate américain ne compte cependant pas sur une «percée majeure» à l'issue du face-à-face Kerry-Lavrov. Le Russe a d'ailleurs averti, en recevant lundi à Moscou son homologue syrien Walid al-Mouallem, qu'il n'y avait «aucune alternative acceptable au règlement politique par le dialogue entre le gouvernement et l'opposition». Le conflit a fait, selon l'ONU, plus de 60.000 morts depuis mars 2011, mais M.Lavrov a répété que c'était au peuple syrien de «décider de son sort, sans intervention extérieure». La Coalition de l'opposition syrienne réclame justement davantage à la communauté internationale et menaçait depuis samedi de boycotter la réunion des Amis du peuple syrien à Rome demain. Ce rendez-vous entre des opposants syriens et les 11 pays qui les soutiennent doit être le point d'orgue de la tournée de M.Kerry en Europe et dans des pays arabes. Au terme de 36 heures de déclarations et de tractations en coulisses, le secrétaire d'Etat a réussi lundi soir à persuader au téléphone le chef de la Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib, de faire le voyage à Rome. M.Khatib a assuré qu'il irait finalement en Italie - et un responsable du département d'Etat l'a confirmé - parce que M. Kerry et son homologue britannique William Hague avaient «promis des aides spécifiques pour soulager la souffrance de notre peuple». «Je veux que nos amis du Conseil de l'opposition syrienne sachent que nous ne venons pas à Rome simplement pour parler. Nous allons à Rome pour prendre une décision sur les prochaines étapes (...), même si je tiens à souligner que la politique des Etats-Unis est de rechercher une solution politique», avait déclaré auparavant à Londres M.Kerry, aux côtés de M.Hague. En prenant ses fonctions début février, le secrétaire d'Etat avait évoqué une prochaine initiative «diplomatique» sur la Syrie. Washington s'en tient depuis des mois à une aide «non létale» à la rébellion syrienne, mais l'administration de Barack Obama a été divisée pendant l'été 2012 sur l'opportunité ou non d'armer l'opposition syrienne.