Le Premier ministre irakien ne pouvait mieux rêver. Fortement bousculé par une opposition sunnite qui réclame sa tête, de surcroît fragilisé devant l'escalade des attentats terroristes, sur fond de violences confessionnelles, Nouri Al Maliki n'est pas politiquement mort pour autant. Bien au contraire, son parti, l'Etat de Droit, a remporté la majorité des sièges dans les conseils locaux de sept des douze provinces ayant participé aux élections régionales du 20 avril, selon les résultats officiels publiés, samedi. Premier depuis le départ des troupes américaines d'Irak fin 2011, ce scrutin constitue un test de popularité pour le chef du gouvernement chiite qui peut se targuer d'avoir raflé la mise dans les grandes villes du pays, à l'instar de Bagdad, Kerbala, Babylone, Bassora, Dhi Qar, Mouthanna et Diwaniya, des régions à majorité chiite ou mixtes. Le triomphe de l'homme fort de Bagdad demeure, néanmoins, amputé suite au report « pour des raisons sécuritaires » du vote à AlAnbar et Ninive, deux provinces majoritairement sunnites. Il se tiendra dans les prochains mois dans les trois provinces de la région autonome du Kurdistan (nord), alors qu'aucun scrutin n'a été organisé dans la province de Kirkouk depuis 2005 en raison de désaccords persistants entre ses multiples communautés et groupes ethniques. Ces élections sont prépondérantes dans le système fédéral irakien. Les assemblées provinciales sont chargées de désigner le gouverneur qui a la haute main sur l'administration provinciale, les finances et chapeaute les efforts de reconstruction. La campagne électorale, et plus généralement les premiers mois de l'année, ont été marqués par une nette recrudescence des violences. Quatorze candidats ont été assassinés depuis le début de l'année et les attentats se sont multipliés en Irak. Le jour du scrutin, trois personnes ont péri dans des attaques.