Oued Souf. Mardi 21h30. Le thermomètre à l'intérieur du véhicule affiche 35 degrés. « Comme chaque soir en ce mois de mai et jusqu'à la fin de l'été, cette ville se met au ralenti, au rythme de la chaleur qui l'accompagnera jusqu'au delà de l'automne. La chaleur ne s'estompera que vers le mois d'octobre », nous expliqua un Soufi. Pour cause de chaleur, la ville se vide à partir de midi jusqu'à 17h, se livrant à l'été qui s'installe pour un long séjour. Les services de sécurité « ne vont pas attendre l'hiver pour poursuivre les opérations et les descentes », affirme le commandant du groupement territorial de la GN d'El Oued. Le bilan de la vaste opération de ratissage effectuée la nuit du mardi, qui a mobilisé plus de 400 gendarmes, n'était pas si maigre compte tenu du paramètre climatique qui favorise « la trêve », même la nuit, et une sensible diminution des activités criminelles et délictueuses. Plus de 2 000 personnes et 314 véhicules ont été identifiés. Hormis quelques affaires courantes qui se traitent comme d'habitude, les services de sécurité ont la tâche plus facile. Reste que la vigilance est de mise. Le commandement de la GN d'El Oued a renforcé le travail de renseignement et multiplié les opérations de ratissage surtout dans les palmeraies et les exploitations agricoles et autres lieux soupçonnés d'abriter des caches de drogue, de carburant et même d'armes. Ce plan d'action a donné des résultats. Selon le bilan présenté, le trafic de carburant a sensiblement baissé du fait du renforcement du dispositif sécuritaire au niveau des frontières avec la Libye et la Tunisie. Près de 10 000 litres de mazout ont été saisis en 4 mois. Deux jumelles de terrain et deux armes à feu ont été saisies durant cette période. « Les groupes terroristes et les trafiquants de drogue et d'armes arrivent difficilement à se procurer du carburant », explique un officier de la gendarmerie. Le renforcement du dispositif sécuritaire au niveau des frontières et des réseaux routiers gêne considérablement cette contrebande. Reste la vente au noir de l'alcool dont ce sont spécialisés des personnes qui trouvent facilementpreneur dans cette ville où aucun bar ni dépôt légal n'existent. Les quelques bars autorisés se trouvent au niveau des hôtels. « Il est normal de voir se développer un créneau illégal pour pallier le vide et le besoin des consommateurs qui prennent du « legmi » (jus de palmier fermenté) ) », commente un professeur universitaire interpellé par les gendarmes dans une palmeraie. L'enseignant signale qu'il « ne fait rien de mal et qu'il est venu dans cet endroit pour formater son moral ». Après identification, il est libéré. Alcool et contrefaçon A El Oued, on s'adonne comme on peut à l'alcool. Ainsi, une quantité importante de boissons alcoolisées a été saisie au niveau de la décharge publique de Sidi Mestour où deux fournisseurs, repris de justice, ont été interpellés. La canette de bière est cédée dans ces lieux à 350 DA. Pour se faire discret, les « bootleggers » enfouissent cannettes et bouteilles dans le sable, ce qui comporte un danger pour la santé publique. « Ce genre de saisies est régulier », reconnaît le premier responsable du groupement, le lieutenant-colonel Mohamed Rikki. Face à cette situation, les services de la Gendarmerie intensifient leurs opérations coup-de-poing. Leurs descentes débouchent souvent sur l'arrestation d'individus recherchés. Reste que les activités traditionnelles des délinquants locaux demeurent le trafic de véhicules. L'autre phénomène que Oued Souf se partage avec la wilaya de Sétif est la contrefaçon. Ici, tous les produits contrefaits sont fabriqués localement « surtout à El Bayada » pour être commercialisés au niveau de toutes les wilayas : détergents, cosmétiques, appareils électroménagers, lingerie, produits de large consommation, affirme le patron de la GN d'El Oued, qui reconnaît que le phénomène s'est amplifiée après les événements en Libye et en Tunisie. Ce que démontre le résultat d'une perquisition qui a abouti à la découverte d'un atelier clandestin de fabrication de détergents. L'imitation du packaging est si parfaite que le consommateur n'y voit que du feu. Mais ce n'est pas tant ce « commerce » qui préoccupe les gendarmes ; ce sont surtout le crime organisé et le trafic de véhicules et de drogue mais aussi le terrorisme, d'autant que Oued Souf est une ville frontalière avec la Tunisie et la Libye.