Point commun : les fondamentaux contenus dans la Constitution doivent rester à l'écart de tout amendement. Unanimité aussi quant à la nécessité d'engager un débat « large », « ouvert » et « démocratique » sur cette révision. Sinon, pour les autres points, chaque parti politique a sa propre recette. Institutions Le monde politique s'est exprimé, également, sur la place de l'institution militaire à la faveur de la prochaine révision. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) indique que l'Armée doit rester hors du champ politique national afin de se consacrer aux missions qui lui sont dévolues par la Constitution, à savoir la protection des frontières et la défense territoriale du pays. Pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), les structures civiles et militaires se doivent, afin d'assurer un fonctionnement rationnel et efficient des institutions, exercer leurs missions dans la transparence et le strict respect des lois. Pour le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), l'institution militaire se doit effectivement de rester en « dehors de l'action politique », mais « sans être loin de la gestion des affaires de l'Etat ». Autre institution sur laquelle la classe politique s'est focalisée : le Conseil de la nation. Faut-il le supprimer ? Le FLN a appelé au « maintien » sans condition de la deuxième chambre du Parlement. Idem pour le Mouvement populaire algérien (MPA) qui appelle également au maintien du tiers présidentiel. Ce n'est pas le cas du MSP qui se dit entièrement « favorable » à la suppression de la deuxième chambre. Le Front de l'Algérie nouvelle (FAN) abonde dans le même sens, soulignant que la suppression du Conseil de la nation n'aura aucun préjudice sur la bonne marche des institutions. Concernant l'APN, les partis convergent sur la nécessité d'accorder plus de prérogatives aux élus afin qu'ils puissent assurer dans les meilleures conditions leurs missions de contrôle et, pourquoi pas, de la doter du pouvoir réel de légiférer. Dans ce même cheminement, les acteurs politiques sont revenus sur l'immunité parlementaire. Des partis, tels Tadjamouâ amel Al-Djazaïr, le Front El Moustakbal, le FLN, le MSP, ont défendu le maintien de la disposition en s'appuyant sur le fait qu'elle vise à protéger les députés de toute pression dans le cadre de leurs fonctions. Ils signalent que c'est une mesure qui met le parlementaire à l'abri de toute poursuite pénale ou civile. Pour eux, les dépassements à caractère individuel de certains élus ne devaient en aucun cas constituer un alibi pour appeler à sa levée. A l'opposé, d'autres formations, à l'image du parti Djil El Djadid, plaident pour l'instauration d'une immunité « relative » : le député doit être protégé lorsqu'il s'agit de défendre des positions politiques et il ne peut être poursuivi pour des opinions, des propos tenus en séance ou en commission, ou pour des actes accomplis dans le cadre de ses missions. Mais quand il s'agit de corruption, le parti de Sofiane Djilali n'est pas contre la levée de l'immunité. Régime politique, mandat présidentiel, poste de vice-président Les avis sont partagés. Il y a ceux qui défendent l'idée d'un système semi-présidentiel et ceux qui se disent favorables à un régime parlementaire. Contrairement au FLN, au MPA et au RND, qui soutiennent l'adoption par l'Algérie d'un système semi-présidentiel, des partis, à l'image du MSP, du FNA, d'Ennahda, d'El Islah et du PT, ont déclaré leur flamme pour un régime parlementaire. Sur la limitation ou pas des mandats, les partis ne sont pas, non plus, sur la même longueur d'onde. Le FLN se dit toujours contre la limitation des mandats présidentiels, à condition que cela fasse l'objet d'un consensus national, alors que le RND soutient la proposition d'un seul mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Au MSP, on soutient l'impératif de limiter le nombre de mandats. Le PT, lui, a mis en avant le principe de révocabilité de mandats, qu'il s'agisse de l'élu local ou du président de la République. Pour le RCD, « la limitation du nombre de mandats constitue un véritable « antidote » aux réélections systématiques, et favorise « corrélativement » une compétition politique « ouverte » et « saine ». Faut-il créer le poste de vice-président de la République ? L'idée ne semble pas emballer pour autant la classe politique, du moins les partis interrogés, à l'exception du FLN. Si ce dernier ne trouve aucun « empêchement », il n'en est pas de même pour le MSP, l'Union des forces démocratiques et sociales (UFDS), Jil Jadid ou le RCD, qui y sont contre. Argument : il n'a aucune utilité. Officialisation de Tamazight Qu'en est-il de la position des partis politiques par rapport à cette question relayée de génération en génération ? Le FLN n'est pas contre sans pour autant trancher la question. Le RND marque aussi une prise de distance, indiquant que la question n'a pas été encore « abordée » au sein des instances du parti. L'Union des forces démocratiques et sociales (UFDS) dit ne pas être contre le principe de l'officialisation de tamazight mais « pas avant » que celle-ci ne soit « débattue » au sein de la société. Trois partis ont tranché, par contre : le FFS, le RCD et le PT. Pour eux, l'officialisation de la langue tamazight doit être inscrite dans la future Constitution.