L'Ordre des avocats du barreau d'Alger, a revendiqué, hier, à l'ouverture des travaux de l'assemblée générale du Conseil ,l'installation d'une commission nationale pour évaluer le degré et la proportion de réalisation de la réforme de la justice. Le bâtonnier, Me Abdelmadjid Sellini a jugé qu'il était temps de faire une halte et d'évaluer ce qui a été fait depuis le lancement de ce processus, estimant que la justice a dévié de sa vocation initiale. « La justice en Algérie est devenue une justice de statistiques. Elle ne cesse de susciter le ressentiment du citoyen. Pourtant elle est censée le défendre et de lui préserver ses droits ». Selon Me Sellini, la situation persiste depuis les années 90. Pour le bâtonnat d'Alger, qui compte 6.000 avocats, il faut mettre un terme aux dépassements et violations des droits de la défense. « Les droits de la défense et les droits fondamentaux sont bafoués », dira Me Sellini estimant que l'avocat étant le seul garant des droits et libertés du citoyen, est devenu, par la force des choses, un simple figurant, devant se contenter de sa présence. Toutes les requêtes faites pour l'acquisition, au profit du justiciable, de la présomption d'innocence, n'ont apparemment eu aucun écho. « L'avocat est ligoté. L'instance judiciaire doit lui restituer ce qui lui revient de droit pour pouvoir mener à bien cette mission ». L'Ordre des avocats insiste sur la réintroduction de droit de présomption. Il réclame également la clarification des prérogatives conférées aux chambres d'accusation et la révision de la marge d'erreur. A cet effet, il juge impératif de se fixer sur un seuil bien précis pour épargner le justiciable et la trésorerie publique des dépenses inutiles. Autant de points qui nécessitent, selon la corporation, l'évaluation de ce qui a été fait. Revenant sur le statut particulier des avocats, il estime que la bataille menée depuis quatorze années est relativement gagnée grâce aux efforts des avocats d'Alger. « Les articles qui mettaient la corporation sous la coupe du ministère ont été abrogés, souligne-t-il, estimant que cet acquis fait l'objet d'un accord signé entre la tutelle et la commission juridique. « Cependant, le non-respect de cet engagement nous contraindra à consulter la base pour décider de la conduite à tenir », a rappelé le bâtonnier d'Alger.