Le colloque de deux jours organisé par le Musée public national d'art moderne et contemporain, Mama, a été consacré, hier, à « L'introduction du visuel dans la guerre de Libération nationale, l'image et la révolution ». Ali Haroun et Lamine Bechichi ont, tour à tour, rappelé l'apport de la communication à la Révolution algérienne. Ali Haroun s'est longuement étalé sur le premier numéro de « Résistance algérienne », ancêtre d'El Moudjahid. M. Haroun a rappelé que le journal, dont la domiciliation était à Tétouan et la rédaction assurée par ses soins ainsi que par deux étudiants, a été édité par un Espagnol qui possédait une imprimerie. La Direction du Front de libération national a tenu à ce que la révolution soit dotée d'un instrument de propagande à même de lui permettre d'être connue à l'extérieur. « Ahmed Ben Bella, Lamine Debaghine et Mohamed Boudiaf m'ont demandé de mettre en place une publication qui sera une tribune d'expression pour les militaires et un espace de publication de tracts du Front », s'est-il souvenu, précisant que « Résistance algérienne », créé en juillet 1956, a cessé de paraître en août 1957, soit après treize mois d'existence et une trentaine de numéros. M. Haroun a témoigné que le journal, dont les articles, rédigés en arabe et en français, et sans signature, était introduit dans le pays à dos de mulet. La Direction du Front, qui a compris que la communication est aussi importante que l'action, s'est dotée d'un support, même si celui-ci a été fabriqué avec les moyens du bord. « A Tétouan, on travaillait avec des moyens vraiment réduits. Cela ne nous a pas, pour autant, empêchés d'accomplir notre devoir », a-t-il soutenu. A propos des archives de la guerre de Libération, il a fait savoir qu'il y a quatre ans, « nous avons confié quelque 300 kilos de documents aux Archives nationales. Je compte aussi remettre les premiers numéros de « Résistance algérienne » et d'« El Moudjahid » à la même institution, qui les scannera pour les mettre à la disposition des étudiants et des enseignants. Il a, en outre, précisé que la Fédération de France du FLN ne s'est jamais adressée aux Français en tant qu'ennemis, car elle a su faire la différence entre le peuple et le Gouvernement français. « Beaucoup de Français nous ont aidés et se sont sacrifiés pour la causse algérienne », a-t-il tenu à préciser. Lamine Bechichi a rappelé le rôle joué par les pays arabes qui « nous ont ouvert leurs portes et leurs radios. La justesse de la cause du combat du peuple algérien, a-t-il expliqué, était partagée par l'opinion publique internationale, y compris par le peuple français et ce, grâce aux émissions radiophoniques émises par les radios de Rabat, Bagdad, Tétouan, Tanger, Tunis, Tripoli, Benghazi, Le Caire et Damas. Après la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne, le 19 septembre 1958, et à l'instigation de M'hamed Yazid, ministre de l'Information, la Radio de l'Algérie libre et combattante a repris ses émissions, le 12 juillet 1959, dans le Rif, mais cette fois-ci à Nador. Elle a cessé d'émettre, le 12 juillet 1962, après le recouvrement de la souveraineté nationale. Bechichi a, enfin, affirmé que ceux qui ont libéré l'Algérie du joug colonial ont accompli leur devoir, et, aujourd'hui, c'est à la jeune génération d'accomplir le sien.