A défaut d'une « solution » militaire, le conflit syrien est actuellement au centre d'un forcing diplomatique, tant par les alliés traditionnels de Damas que par ses détracteurs. Et ce n'est certainement pas la résolution - non contraignante et à la portée symbolique - adoptée, mercredi, par l'Assemblée générale de l'ONU condamnant « l'escalade des attaques menées par le régime de Damas » qui réglera le problème. Les cinq pays membres du Conseil de sécurité restent divisés sur une solution politique commune. La Russie qui a ouvertement rejeté ce nouveau texte, avec les autres alliés de Damas (la Chine et l'Iran) et qui a exclu tout changement de position, tient, plus que jamais, à la réussite de la seconde conférence internationale (prévuee juin prochain à Genève) qu'elle entend mettre en œuvre avec les Américains. La question était, hier, à l'ordre du jour à l'issue d'entretiens à Sotchi (sud de la Russie), entre le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, et le SG de l'ONU, Ban Ki-moon. Les deux hommes ont formulé un vœu : organiser « au plus vite » cette conférence. La Coalition de l'opposition syrienne établie à l'étranger, et ses soutiens occidentaux et arabes, tiennent, mercredi prochain, une réunion du groupe des Amis de la Syrie pour trancher la question. « Maintenant il est important de savoir qui du côté syrien va y participer, sans quoi, il ne se passera rien. Il est également indispensable de se mettre d'accord sur les pays qui vont y participer », explique M. Lavrov qui tient à la participation de l'Iran, élément clé dans le règlement de la crise, et dont le gouvernement prépare, à son tour, une conférence sur la Syrie, le 29 mai prochain. En recevant, jeudi à la Maison Blanche son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan qui porte également le flanc de « la bataille » contre le gouvernement syrien, le président américain Barack Obama a fait part de son souhait que la conférence baptisée Genève 2 « aboutisse à des résultats mais tout en réitérant » son appel au départ du président syrien. « Il faut qu'il transmette le pouvoir à une autorité de transition, c'est la seule façon dont nous allons résoudre cette crise (...) Le plus tôt sera le mieux », insiste le chef d'Etat US dont l'inflexibilité risque de compromettre la rencontre car Moscou et Damas rejettent toute condition préalable. M. Erdogan a, lui, remis sur la table l'autre sujet qui continue à diviser les deux camps : les armes chimiques, en réaffirmant l'opposition d'Ankara à l'utilisation de ces redoutables armes. A Sotchi, l'occasion était pour le patron de l'organisation mondiale de renouveler son appel aux autorités syriennes à laisser les experts de l'ONU enquêter dans le pays. Une demande à laquelle Damas entend coopérer non sans conditions. Par ailleurs, le chef de la diplomatie russe dit ne « pas comprendre » le scandale provoqué par les ventes d'armes russes à la Syrie. « Nous ne cachons pas que nous livrons des armes à la Syrie en vertu de contrats signés, sans violer les accords internationaux (...) nous livrons avant tout des armes de défense », a-t-il expliqué alors qu'en Israël, la question fait « scandale » après l'« échec » de la visite, la semaine passée, dans la capitale russe de son Premier ministre, Benyamin Netanyahu qui n'a pas réussi à faire pression sur le Kremlin pour stopper les ventes d'armes à la Syrie.