La Russie n'a pas l'intention d'abandonner aux Occidentaux le dossier syrien qu'elle considère comme relevant de sa sécurité intérieure. Enième démonstration : Un nouveau projet de résolution qu'elle a soumis, mardi, au Conseil de sécurité de l'ONU visant à prolonger de trois mois supplémentaires, le mandat de la Mission de supervision de l'ONU en Syrie (MISNUS) qui expire le 20 juillet. « En tenant compte des recommandations faites par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon », portant sur la réduction du nombre des observateurs militaires (300 actuellement) et la délégation à la Misnus d'un rôle plus politique, le projet russe n'évoque pas néanmoins des sanctions contre Damas, dont il est le principal allié avec la Chine et l'Iran. Le texte, critiqué par la France, réaffirme le « soutien au plan de paix du médiateur international Kofi Annan et demande au pouvoir et à l'opposition syrienne de « commencer immédiatement à appliquer » ce plan ainsi que les directives pour une transition politique définies à la réunion du Groupe d'action pour la Syrie le 30 juin à Genève. Cette nouvelle initiative russe intervient alors que M. Annan présentait, hier, devant la plus haute instance de l'ONU, un compte-rendu de ses récentes visites à Damas, Téhéran et Bagdad, où il a plaidé pour une implication de l'Iran et l'Irak pour la mise en œuvre de sa feuille de route. La tâche n'est, évidemment, pas aisée. A l'issue d'entretiens, hier, avec les autorités russes, l'opposition syrienne établie à l'étranger, le Conseil national syrien (CNS), a déploré l'inflexibilité de Moscou qui, dans la foulée, a annoncé poursuivre la livraison d'armes (DCA) au gouvernement syrien. « Je confirme au nom de toute l'opposition populaire syrienne qu'il ne peut pas être question d'un dialogue, tant qu'Assad ne sera pas parti. La Russie est d'un autre avis », a fait savoir, hier, Abdel Basset Sayda, le nouveau chef du CNS, à l'issue de ses discussions avec le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov à Moscou. La veille, mardi, un membre du CNS, Bassma Kodmani, a indiqué qu'un mécanisme politique de sortie de crise proposé par la Ligue arabe, devant être adopté par le Conseil de sécurité, est l'objet de discussions au sein du CNS. Sur le terrain, une évolution se fait sentir : plus de 300 hommes des différentes factions armées de l'opposition à Homs ont accepté de déposer les armes et de constituer une opposition politique non armée.