Les Etats-Unis manient la politique du bâton et de la carotte dans le dossier syrien. Après avoir plaidé, mercredi, à Moscou, pour une solution politique au conflit syrien, appelant à la tenue, avant la fin du mois, d'une conférence internationale, probablement à Genève, à laquelle l'Iran a fait part, hier, de sa volonté d'y prendre part, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, change de fusil d'épaule : il ressort la « menace » contre les armes chimiques qui auraient été utilisées par l'armée syrienne. Il a déclaré que son pays détient une « preuve solide » en dénonçant les « choix terribles qu'a faits le régime du président Bachar Al Assad par sa volonté de tuer entre 70.000 et 100.000 personnes de son propre peuple, d'avoir recours à des gaz ». En termes plus clairs, Washington n'entend pas laisser Damas franchir « la ligne rouge » fixée récemment par Barak Obama. Et John Kerry de réaffirmer le souhait de son pays de voir un « gouvernement de transition » en Syrie, mais qui « n'inclurait pas le président Al Assad ». Pour sa part, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, enfonce le clou en avertissant que la Syrie avait « franchi depuis longtemps » la ligne rouge. « Il est clair que le régime (syrien) a utilisé des armes chimiques et des missiles », a-t-il indiqué, citant, à titre de « preuve », des patients syriens, avec des symptômes prouvant qu'ils avaient été exposés à des armes chimiques, qui avaient traversé la frontière pour être soignés dans des hôpitaux turcs. Ainsi que des « restes de missiles » qui « ont été utilisés lors de ce type d'attaque ». « Nous voulons que les Etats-Unis assument plus de responsabilités et s'engagent davantage. Nous allons discuter ensemble très prochainement des mesures qu'ils pourraient prendre », a-t-il appelé, avant sa rencontre, jeudi, à Washington avec le président Obama. En Russie, le ballet diplomatique se poursuit dans l'espoir d'infléchir la position du Kremlin considéré comme le principal soutien au gouvernement syrien. Au lendemain de la visite de John Kerry, c'était le tour du Premier ministre britannique David Cameron de rencontrer, vendredi, son homologue russe, Vladimir Poutine. Les deux hommes ont évoqué des mesures communes possibles pour régler la crise en Syrie, mais Moscou n'entend pas plier devant les pressions occidentales. Notamment au sujet de la livraison à l'armée syrienne de missiles de défense aérienne « dans le cadre de contrats signés depuis longtemps » entre les deux parties, selon les précisions du ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov. Une confirmation qui a fait grincer des dents Israël dont le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, est attendu à Moscou dans les prochains jours pour discuter de la question avec les responsables russes.