L'Algérie ets fortement exposeé aux risques sismiques. Le Craag enregistre une moyenne de 70 à 100 secousses par mois, soit 3 à 4 par jour. « Il s'agit de micro-secousses », selon le directeur du Craag qui s'exprimait, hier à Alger, en marge d'un symposium international sur les « grands séismes méditerranéens : du passé au présent » organisé par le Craag, en coordination avec la direction générale de la Protection civile. Des hauts responsables ont assisté à ce séminaire dédié à la mémoire des victimes du séisme du 21 mai 2003, à Boumerdès, dont le secrétaire général du ministère de l'Intérieur, le directeur général de la Protection civile, le colonel Mustapha Lehbiri, des walis ainsi que des experts étrangers de France, d'Espagne, de Russie, d'Egypte, du Maroc et d'Italie. Le directeur du Craag a expliqué que l'objectif de l'organisation de ce genre de rencontres est de « discuter le plan de la prévention sismique ». Revenant dans son allocution sur le tremblement de terre de Boumerdès considéré comme le plus important dans le nord de l'Algérie et la région ouest de la Méditerranée, M. Yellès a signalé qu'il a causé un soulèvement côtier et un tsunami dans la Méditerranée. Il a relevé la spécificité et le caractère des séismes en Algérie dont la profondeur est de 6 à 10 km. Celui de Boumerdès a nécessité la prise de mesures dont la réhabilitation du vieux bâti et la promulgation de lois portant sur la gestion des catastrophes. En ce sens, le directeur du Craag a cité la création d'un organisme chargé d'étude et de recherche, de suivi et de contrôle des hauts risques ainsi que d'une délégation nationale aux risques majeurs, composée notamment d'experts en génie sismique. Le responsable a également annoncé la mise en œuvre d'appuis parasismiques, « une première en Algérie », a-t-il souligné. Ainsi, la grande mosquée d'Alger sera dotée d'isolateurs pour réduire l'accélération de l'action sismique. « C'est une nouvelle technologie qui sera généralisée », a affirmé M. Yellès. Du côté de la Protection civile, premier intervenant sur le terrain en cas de catastrophes naturelles, « le séisme de Boumerdès était à l'origine de la première utilisation par la Protection civile de l'imagerie satellitaire dans l'évaluation des dégâts, le redéploiement des moyens d'intervention et la sectorisation de la zone endommagée », a souligné le directeur de l'Organisation et de la coordination des secours (DOCS), le colonel Mohamed Khellaf, qui a considéré cette catastrophe comme « étant un cas d'école pour les acteurs de la gestion de crise en Algérie par la richesse des enseignements tirés de cette tragédie nationale ». En effet, la DGPC a procédé à la formation des équipes spécialisées et l'acquisition de nouveaux moyens d'intervention ainsi que la réadaptation des plans de secours. L'officier supérieur a également mis l'accent sur la formation continue des équipes d'intervention désormais mobilisables en deux heures. Le sous-directeur de la planification de secours au niveau de la DGPC, le lieutenant-colonel Fouad Lalaoui est revenu sur l'assistance internationale et la gestion des aides humanitaires. « L'expérience acquise dans le cadre de la gestion des dons nous a permis de mieux gérer ce volet par une meilleure évaluation des besoins », a-t-il souligné. Il a également signalé que le commandement de la DGPC a procédé au renforcement de la médecine des catastrophes. Pour sa part, Jean-Mathieu Nocquet, expert et chercheur à l'université de Nice, a relevé le manque d'informations sur les zones sismiques en Afrique du Nord. « Nous restons aveugles devant le peu de moyens », a-t-il souligné. Par contre, il a été enregistré un progrès en matière de géodésie spatiale. « L'utilisation de cet outil permet une meilleure utilisation de l'aléa sismique », note-t-il.