« Nous assistons, ces derniers jours, à des actions concrètes et à un effort louable pour la reprise du processus de paix, à travers la démarche de M. Kerry, et cela suscite en nous un espoir », déclare Mahmoud Abbas, convaincu qu'« il y a encore une chance pour établir la paix » avec les Israéliens pour peu que ces derniers consentent à libérer les détenus palestiniens et mettre fin à leurs projets de colonisation. « Venez pour qu'on fasse de la paix une réalité et pour que nos générations actuelles et futures puissent en profiter pleinement », leur lance-t-il. C'était hier matin à Al-Chounah, sur la mer Morte, où se tenait le Forum économique mondial. Le secrétaire d'Etat américain, qui a exhorté, vendredi, à l'issue de sa visite dans la région, sa quatrième depuis sa prise de fonction, Israéliens et Palestiniens à prendre des « décisions difficiles », sera-t-il entendu ? « Je connais suffisamment cette région pour savoir qu'il y a du scepticisme et, dans certains cas, du cynisme (...) Il y a eu des années d'amertume et de déception », admet-il, maintenant, néanmoins, le cap sur sa mission : « avancer en étant méthodique, prudent, patient, précis et tenace » vers la reprise des pourparlers. « Le statu quo actuel n'est pas tenable à long terme », dit-il. Benyamin Netanyahu continue sa politique de colonisation en Cisjordanie et à al-Qods-Ast. Mahmoud Abbas exige un gel total de la colonisation avant toute reprise des discussions. « Israël n'est pas près de reprendre les négociations », affirme, dans une interview à la presse palestinienne, Hanane Achrawi, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). « Nous attendons une position sans équivoque des Etats-Unis et un engagement clair d'Israël quant aux critères requis par le processus de paix », dit-elle. Comme pour compliquer la mission de Kerry, le gouvernement israélien, qui a prévu pour le plus grand exercice militaire de toute son histoire - simuler une guerre régionale avec plusieurs ennemis disposant d'un arsenal balistique conséquent -, est divisé. « Il y a des divergences idéologiques au sein du gouvernement », reconnaît Tzipi Livni, la ministre de la Justice. Selon la chargée des négociations avec les Palestiniens, qui défend le projet de « deux peuples, deux Etats », avec un Etat palestinien côtoyant Israël, l'impasse actuelle « ne sert que ceux qui pensent que chaque jour qui passe permet de s'installer sur un terrain (en Cisjordanie), de construire une nouvelle maison (dans une colonie) et, qu'ainsi, il est possible d'empêcher un accord ». Les analystes, qui préviennent que « les perspectives d'une solution à deux Etats ne sauraient être éternelles », se demandent si la direction palestinienne, qui a suspendu toute démarche pour adhérer à des organisations internationales, y compris les instances judiciaires susceptibles de poursuivre Israël, comme le nouveau statut d'Etat observateur de la Palestine à l'ONU lui en donne le droit, ne va pas revoir sa copie avant le 7 juin, délai consenti par Abbas à Kerry. « Les instruments d'adhésion aux différents traités sont fin prêts », a annoncé, hier, Saeb Erakat, le principal négociateur palestinien. L'Américain qui, en deux mois, a pu réactiver l'initiative de paix arabe datant de 2002 et une entente avec les responsables israéliens et palestiniens pour « promouvoir le développement économique en Cisjordanie », a rappelé récemment que Barack Obama a « clairement dit », en mars dernier, qu'il allait « donner une certaine période de temps, de quelques mois », aux Israéliens et Palestiniens pour déterminer s'ils sont « sérieux dans leur désir de revenir à la table des négociations ». La nomination du général John Allen, un ancien chef de la coalition internationale en Afghanistan, comme conseiller spécial au Moyen-Orient du secrétaire à la Défense, révèle, peut-être, la volonté des Américains à reprendre en main ce processus de paix.