Dans son intervention d'ouverture, le recteur de l'Université, Rabah Cheriet, a mis en exergue l'importance et le poids des médias audiovisuels. « Ils façonnent de plus en plus, dit-il, l'opinion et influent sur les politiques que mènent les gouvernants ». « Tous les Etats ont ressenti la nécessité de mettre en place un cadre d'éthique et de déontologie afin d'éviter toute dérive susceptible de porter atteinte à la sécurité et la stabilité des sociétés et la mainmise des puissances financières sur un secteur aussi sensible », ajoute-t-il. Abondant dans ce sens, le journaliste Saâd Bouakba a estimé de plus en plus menaçantes pour la sécurité du pays, « certaines entreprises étrangères qui détiennent une grande manne publicitaire ». A cet effet, la plupart ont souligné l'urgence d'accompagner l'ouverture audiovisuelle de garde-fous notamment en attribuant un rôle de régulation, plutôt que de contrôle, à des organismes neutres. « Dans une société aussi fragile que la nôtre, certains conflits pourraient être exacerbés sans l'obligation de respect des règles d'éthique et de déontologie », souligne un étudiant. Le cas des dérives constatées sur certaines chaînes a été mis en évidence. Les intervenants ont également évoqué le cadre juridique et financier du secteur, l'éthique de la profession et les modes de financement des chaînes de télévision. Achour Fenni, professeur à l'université d'Alger, signale les modes de financement qui reposent tantôt sur le privé tantôt sur un financement public ou mixte. Il cite des exemples comme la chaîne de télévision anglaise, BBC, estimant « que ce modèle, même s'il est en crise, demeure la référence pour une information objective ». Il estime néanmoins que dans notre pays, l'ENTV est en perte de vitesse et risque de voir son audience s'éroder davantage face aux chaînes privées tant nationales qu'étrangères. « Il faut, plaide-t-il, utiliser son budget pour améliorer le programme et ne pas moderniser les équipements en oubliant le contenu des émissions ». Il estime nécessaires des mutations structurelles dans la mission d'information, de programmation qui « doivent répondre à de nouveaux besoins en communication sociale ». Pour le journaliste et enseignant universitaire, Omar Boussaâda, l'image véhiculée par la télévision à l'ère des technologies modernes « est davantage un discours iconographique qui influe par ses symboles qui dupent souvent le téléspectateur ». Belkacem Ahcène Djaballah, enseignant à l'école supérieure de journalisme, a surtout défendu le service public. Revenant sur les mutations qu'a connues le secteur après 1988, il affirme que cette question « n'a toujours pas été réglée dans le secteur public de la communication maintenu en dehors de la vague de libéralisation de la presse écrite ». Selon lui, la société civile, les défenseurs du secteur public et les journalistes n'ont pas donné à la notion de service public sa pleine signification. Il s'est interrogé sur les moyens pour les organes de presse et les journalistes d'appréhender, de respecter et d'appliquer à l'avenir la notion de service public dans la pratique journalistique. Ahcène Djaballah préfère toutefois la notion d'utilité publique, notion jugée, par beaucoup d'intervenants, imprécise et élastique. « Aujourd'hui, observe- t-il, il est plus que jamais nécessaire d'éviter les reflexes anti-professionnels dans les médias publics ». « Le cahier de charges des nouvelles chaînes doit contenir une clause qui impose à celles-ci un minimum de service public », préconise ce professeur qui a été un des experts consultés lors de la préparation de la loi sur l'audiovisuel.