Le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) appelle les départements et acteurs intervenant au niveau de l'institution éducative (éducation nationale, enseignement supérieur et formation professionnelle), à œuvrer pour une évaluation d'étape de la mise en œuvre du système LMD (licence-master-doctorat). Un espace qui permettra à la communauté universitaire de disséquer les insuffisances et les dysfonctionnements relevés depuis sa mise en place. « Des assises s'imposent pour faire l'état des lieux », souligne le coordonnateur national du Cnes, Abdelmalek Rahmani, estimant que la communauté universitaire ne peut plus continuer à accepter une telle situation. « Il est temps de faire le bilan, surtout dans les filières où l'échec de ce système est plus que probant », estime-t-il, précisant que rares sont les filières et spécialités qui se sont facilement adaptées au LMD, faute de moyens et d'un cadre adéquats pour l'application d'un tel enseignement dont les programmes ont été conçus en Europe et adaptés aux standards internationaux pour des besoins et intérêts spécifiques des pays initiateurs. Selon lui, ce système ne convient nullement à l'Université algérienne, encore moins à la réalité de la société algérienne. Plusieurs facultés ont certes basculé dans le LMD, qui obéit à la mondialisation, mais son application s'avère médiocre, engendrant des incohérences. Les conditions de scolarisation sont, de l'avis de M. Rahmani, lamentables en raison de la politique de massification qui a donné lieu à la surcharge des salles de cours et des amphithéâtres. La qualité et la durée de l'enseignement ne sont nullement en mesure de concurrencer les méthodes adoptées dans les pays faisant de ce système un véritable appui à toute politique de développement socio-économique. Une année universitaire difficile M. Rahmani relève, à l'occasion, la médiocrité des résultats obtenus ces dernières années dans différentes universités du pays. Il est peut-être prématuré de se prononcer sur le rendement pédagogique des étudiants, mais le coordonnateur national du Cnes reconnaît que l'année universitaire qui tire à sa fin, aura été difficile à tout point de vue. Un état de fait qui interpelle, encore une fois, toutes les parties concernées à « revisiter les textes de loi qui régissent l'université algérienne et définir le rôle qu'elle doit jouer dans la société ». Selon lui, il y a d'énormes lacunes que nous devons prendre en charge. « La problématique de l'université est complexe. Cette institution est gérée en fonction du flux, pourtant elle ne devrait pas l'être », relève M. Rahmani rappelant que l'Algérie est le seul pays dans la région euro-méditerranéenne qui a introduit le système LMD tout en maintenant le système classique. Ce choix a d'ailleurs engendré une confusion dans l'équivalence des diplômes issus des deux systèmes, à l'exemple du doctorat du système LMD et celui du système classique, et la progression de l'équivalence dans les deux systèmes. C'est l'une des revendications du Cnes, qui compte soumettre, dans les plus brefs délais, à la tutelle les doléances de la corporation à l'effet de rectifier « les énormes lacunes » qu'a engendrées l'application du système LMD.