La non-industrialisation de l'Afrique pose problème pour son développement économique mais lui épargne les soucis écologiques auxquels sont confrontés les pays développés. Peut-on dire, pour autant, que la non-industrialisation des pays africains est une bénédiction ? « Il est vrai que l'Afrique doit se développer. C'est légitime. Mais je pense aussi que le continent noir doit tirer les leçons qu'il faut de l'expérience des pays industrialisés afin de ne pas aire les mêmes erreurs », estime Yann Arthus-Bertrand, journaliste international et expert en écologie, à l'occasion d'une journée d'étude sur l'environnement et le développement durable. Une manifestation organisée, hier, à Blida, par l'association Ted x Chrea avec le concours de la fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung. « Nous essayons, aujourd'hui, de marier production et protection de l'environnement. D'où notre tendance vers les énergies renouvelables. Le continent noir devrait peut-être suivre le même exemple pour s'épargner les soucis écologiques qui troublent l'Europe », souligne, pour sa part, Klaus-Petter Treydte, président de la fondation. « En fait, assure Hadj Khelil, chef de l'entreprise Bionoor, spécialisée dans l'agriculture biologique, ce qu'il nous faut, ce sont des modèles de développement qui ne représentent pas un danger pour notre écologie ». « Nous sommes dans une économie qui n'est pas endettée, encore modifiable. Donc, tout peut se faire, contrairement aux pays d'Europe. Mais comment fabriquer de la valeur sans toucher à notre capitale écologique ? C'est la grande équation qui n'a pas encore trouvé de solutions, non seulement en Algérie mais dans le monde entier », explique-t-il. Certes, des tentatives d'une production bio illustrent une certaine volonté d'introduire de nouvelles pratiques en Algérie. A l'exemple de l'entreprise Era, qui produit des fertilisants naturels en remplacement des engrais industriels. Mais ce qu'il nous faut, reprend Yann Arthus-Bertrand, c'est une révolution qui devrait être menée par les consommateurs. « Les conférences internationales sur le réchauffement climatique ne servent absolument à rien.Ce ne sont que des discours. Pour changer les choses, il faut que le consommateur s'implique. La solution à l'équation ne nécessite pas obligatoirement les services de la science, mais également ceux du bon sens », affirme-t-il. Aujourd'hui, poursuit-il, 98% de la bio-masse sont représentés par l'homme et ses animaux domestiques, et 2% seulement par les animaux sauvages. « En 2100, la terre ne sera plus vivable pour l'homme ! Je pense que nos problèmes écologiques et environnementaux doivent être résolus par des solutions humanistes et non politiques », conclut-il.