Cent soixante-treize. C'est le nombre des sites forestiers existant sur le territoire de la wilaya d'Alger. D'une superficie de 0,5 à 500 ha, ces forêts sont dédiées à la détente et à la villégiature. Une vingtaine de sites ont été concédés aux communes pour les aménager en espaces de détente de proximité. Toutefois, au moment où la capitale enregistre une saturation en ces endroits, de petits bois restent sous l'emprise des bidonvilles et des citoyens dont l'audace est poussée à l'extrême. A l'est de la capitale, plus précisément à la forêt de Ben Mered (commune de Bordj El Kiffan), les indus occupants installés durant les années 90 sont toujours là, alors que des travaux de réhabilitation sont menés par l'APC de cette circonscription. Cette présence a ouvert l'appétit des bénéficiaires des lotissements situés à la lisière de la forêt communale puisque des extensions sont effectuées sous le nez et la barbe des autorités locales et des services de la Direction des forêts. Bien qu'un technicien de ladite institution soit continuellement sur place. Plus grave, une maison individuelle est en voie d'achèvement. L'assiette de cette construction est sur le site forestier. D'après Abdelhakim Benhadad, chef de service gestion au niveau de la DGF d'Alger, « le propriétaire est en possession d'une attestation d'attribution émanant de la commune ». Pour un autre responsable, rien n'est encore clair tant que ce bidonville n'a pas été éradiqué. Pour l'heure, trois recensements ont été effectués, le dernier est celui de 2005 qui sera, certainement, pris en compte dans le relogement. La forêt de Ben Mered, qui s'étend sur une superficie avoisinant les 4,5 hectares, a déjà subi, en 1988, une première réhabilitation. Des travaux favorablement accueillis par la population locale, mais les dispositions devant sauvegarder ces sites forestiers de la dégradation n'ont pu être prises par les pouvoirs publics. « Il y avait des bancs où les gens pouvaient s'asseoir, des buvettes et des kiosques », nous dira un habitué des lieux, avant d'ajouter : « Ces installations ont toutes subi des actes de vandalisme et le lieu est devenu un endroit où des individus s'adonnent à la consommation d'alcool et de drogue. » Dans ce sens, les cadres de la DGF aspirent à la mise en place d'un organisme chargé de la surveillance et de l'entretien des sites réhabilités à prix fort. Mais la situation d'urgence dans laquelle était le pays a favorisé l'installation d'une trentaine de baraques de fortune.« Aujourd'hui, nous sommes à 48 cas d'extension et de bidonvilles. Aujourd'hui, cette forêt est en plein travaux d'aménagement avec la création de boulodrome, d'allées et d'aires de jeux. Les travaux des ces agencements urbains récréatifs lancés en décembre 2012 devaient prendre fin mai 2013 mais un arrêt technique est observé depuis quelques semaines, lequel risque de retarder la réception. Et pour cause : « Des travaux hors marché sont nécessaires et le Trésor de l'APC refuse d'étudier nos états », dira Rabah Hamala de l'ETB Hamala, responsable des travaux. La présence des indus occupants favorise la dégradation du site avec notamment l'amoncellement des ordures dans les moindres recoins de la forêt. La réhabilitation des forêts, un objectif de la DGF L'une des missions de la Direction générale des forêts de la wilaya d'Alger, est la préservation et la réhabilitation des bois existants. Dans ce cadre, un programme de cinq forêts à réhabiliter par an est établi. Pour cette année, il est prévu le réaménagement des forêts de Stamboul, Bousakoul (Bordj El Kiffan), Kaddous, Larbi-Mansouri (Kouba), Ben Haddadi (Beni Messous) ainsi que la retouche de celles de Diar Djemaâ et Ben Mered. La forêt est donc à reconstituer sur la base de deux actions consistant en la délocalisation des bidonvilles dépendant des services de la wilaya dans le cadre de l'objectif tracé, à savoir zéro bidonville à Alger et la réhabilitation des sites à travers les aménagements éducatifs et la reconstitution de la couverture végétale. Comme ce fut le cas au niveau des forêts de Doudou-Mokhtar, El Alia et Farina. « La DGF reste responsable des sites et tend à les préserver dans les cas d'occupation (défrichement, dégradation du végétal, installation de ruchers), mais pour ce qui est de la construction illicite, c'est du ressort de la police de l'urbanisme qui intervient suite à nos rapports », expliquera le DGF de la wilaya d'Alger, Noureddine Baâziz. Une étroite collaboration est née entre la DGF et les communes pour récupérer ces lieux et en faire des espaces de détente. Un satisfecit palpable est affiché par le premier responsable de la DGF d'Alger, qui affirmera que « dans notre domaine, la coopération intersectorielle et les projets lancés ont été une réelle réussite, et de bons résultats ont été obtenus comme dans l'aménagement des forêts de Beaulieu, Hydra et Doudou-Mokhtar ». M. Baâziz reste optimiste quant à la réhabilitation des forêts de la wilaya d'Alger « avec notamment la création d'un équilibre sur le plan de l'utilisation de ces espaces par les citoyens entre les bois existants et les espaces verts et de distraction en voie de réalisation dans le cadre du plan vert inscrit dans la stratégie de la wilaya d'Alger ». En somme, la protection des forêts de la capitale augure d'une bonne nouvelle avec l'application de l'instruction 48 du 18 février 2008 du wali d'Alger complétant l'instruction 04-05 du 14 août 2004 demandant la démolition immédiate de toute construction dans le périmètre des bois.