En se livrant, ces derniers jours à une « chasse aux Noirs » à Kidal, dans le nord-est du Mali, le MNLA, qui a « molesté, arrêté et enfermé » une centaine de personnes sous prétexte qu'ils seraient des agents de renseignement maliens », a montré « son vrai visage », « raciste » et « ségrégationniste ». Cette « sentence » est de Tiéman Coulibaly, ministre malien des Affaires étrangères. « Nous ne pouvons pas assister à cela et ne rien faire. Nous ne pouvons pas accepter que des Maliens soient pris en otages par des criminels », dit-il, estimant « nécessaire » un déploiement de l'armée pour « mettre hors d'état de nuire le Mouvement national de libération de l'Azawad, un groupe, dit-il, complice d'Al Qaeda au Maghreb islamique ». « Si les propos rapportés, concernant les exactions, les enlèvements, les sévices, les séquestrations ainsi que l'épuration raciale, s'avèrent réels, cela sera puni avec la dernière rigueur. Les autorités, notamment le président de la République et le gouvernement, mettront tout en œuvre afin que, dans les plus brefs délais, l'armée malienne soit à Kidal, et il en sera ainsi quel qu'en soit le prix à payer. C'est moi qui l'affirme et c'est comme cela », indique sans ambages, Manga Dembélé, ministre malien de la Communication et porte-parole du gouvernement. Et d'ajouter qu'« en tout état de cause, avant les élections, le drapeau malien flottera à Kidal. La présence de l'armée malienne dans cette ville n'est pas négociable ». Entre le MNLA et le gouvernement, le courant ne passe plus. Pas seulement à Kidal où ce mouvement refuse la présence de l'armée et de l'administration maliennes, compromettant, de ce fait, l'organisation de la présidentielle, prévue le 28 juillet. Mais aussi à Ouagadougou. « Cela fait des mois qu'on leur tend la main, mais ils ne sont pas dignes de confiance. Il est difficile d'envisager des discussions dans un tel climat. Par conséquent, les négociations en cours dans la capitale du Burkina Faso n'engagent pas le gouvernement malien », déclare Manga Dembélé. L'heure de l'assaut sur Kidal a-t-elle sonné ? Des soldats maliens sont en route pour la plus grande ville du Nord. « Pour le moment, il s'agit de se rendre à Anefis, une localité située à 200 km au sud de Kidal », explique Souleymane Maïga, porte-parole de l'armée. Comme tous les responsables maliens, il estime que la présence de l'armée malienne dans cette ville, n'est pas négociable. Coulibaly invite les « partenaires » du Mali - la France et la Force internationale d'assistance au Mali (Misma) - à apporter « leur soutien dans cette avancée nécessaire et impérative sur Kidal ». « Ceux qui, aujourd'hui, prétendent être du MNLA comptent dans leurs rangs des recyclés d'Aqmi, d'Ansar Dine et autres combattants et criminels venus se cacher sous le drapeau du MNLA. Leur objectif est de continuer à déstabiliser cette partie du pays pour profiter des avantages du trafic de drogue et du désordre », affirme le chef de la diplomatie malienne. « Si nous sommes attaqués, ce sera la fin des négociations, et nous irons jusqu'au bout du combat », avertit, depuis Ouagadougou, Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA. A Bamako, des voix s'élèvent pour dire non à des élections sans le déploiement de l'armée à Kidal et ce, pour ne pas « cautionner » de fait la partition du pays.