Les conséquences des piratages peuvent être pires que celles d'un tsunami, ont affirmé, hier, des experts en sécurisation des réseaux informatiques. Pour sensibiliser les petites et moyennes entreprises sur cette menace, un séminaire sur la cybercriminalité, le premier du genre, sera organisé, aujourd'hui à Alger, a indiqué le président du groupement Cyber Sec spécialisé dans la sécurisation des réseaux informatiques, Abdelaziz Derdouri, dans un point de presse dédié à la présentation succincte de la cyber menace. Ce séminaire scientifique, organisé sous le patronage du ministère de l'Industrie de la PME et de la Promotion de l'investissement, vise la sensibilisation des chefs et des cadres d'entreprise et des responsables d'organisme public. « Le ministre de l'industrie, Rahmani a insisté sur la modernisation du secteur, c'est-à-dire l'utilisation de l'outil informatique, ce qui nécessite la sécurisation des équipements et du réseau informatique », a précisé le conférencier. Cette rencontre réunira d'une part les experts, les entreprises algériennes spécialisées et les grands groupes étrangers leaders dans le domaine de la sécurité des réseaux et des systèmes d'information et, d'autre part les utilisateurs potentiels à savoir les PME/PMI, les banques, les universités et les organismes publics. Le séminaire cible les PME et les PMI. « Le choix n'est pas fortuit », signale M. Derdouri qui présente un chiffre alarmant sur les cyber-attaques ciblant ces entreprises, et qui constituent un moyen anonyme et peu coûteux pour affaiblir l'économie d'un pays. « Durant l'année 2012, il a été constaté une hausse de près de 40% des attaques contre les petites et moyennes entreprises, de même pour les téléphones mobiles qui ont enregistré une augmentation de 30% des attaques », révèle-t-il. Dans ce contexte, l'expert appelle à la mise en place d'un dispositif sécuritaire des réseaux surtout que l'Algérie prévoit le lancement prochain de la connexion à haut débit (3G). L'Algérie, un des pays les plus touchés « Il ne suffit pas pour les entreprises d'acquérir du matériel et des équipements, mais il faut aussi et surtout les sécuriser », précise-t-il. Le dispositif porte sur la sensibilisation pour la maîtrise des technologies de l'information et de la communication (TIC), car 50% des attaques contre les PME sont dues à des erreurs internes commises par des employés lors de visite de sites ou de téléchargements des dossiers. L'Algérie est classée en 10e position parmi les pays les pays les plus touchés et les moins sécurisés de la cybercriminalité dans le monde. Ainsi, les sites officiels ou « légitimes » selon les experts, sont de plus en plus ciblés par les hackers. Les chiffres le confirment : 79% des sites légitimes en Algérie sont infectés par des virus, révèle M. Derdouri, qui note que la cyber attaque du site de la présidence de la République venait de plusieurs pays. Autre révélation : « 30% de nos PC et 9% de nos mails sont infectés par des virus ». Le danger se situe dans le vol des données et des recherches surtout scientifiques. « Cela se fait en 10 minutes mais le préjudice est très grave », soutient le conférencier. « L'Algérie, à l'instar de plusieurs pays, n'est pas prête pour lutter contre cette nouvelle menace », reconnaît l'expert, mais il propose des mesures préventives telles que « la création de centres d'alerte et de partage de l'information entre les victimes des attaques et l'adaptation des lois ». Les cyber attaques ont causé un préjuge de 38 milliards de dollars à 24 pays en 2012. En outre, 100.000 logiciels dangereux ont été recensés dans le monde l'année passée, dont 70% représentent « le cheval de Troie », un virus très dangereux, utilisé généralement dans le vol des données. Ce séminaire sera suivi par cinq conférences dans cinq wilayas au profit des cadres des PME/PMI et des universitaires. Cyber Sec est un groupement de deux sociétés d'informatique algériennes, Eurl SSRI et Sarl IT2S, qui ont pour objectif d'organiser des séminaires d'information et de sensibilisation sur la cyber menace.