Dans l'organigramme des ministères, des administrations publiques ou des universités, le chargé de l'information a pour rôle d'être cette indispensable interface, la nécessaire courroie avec les médias. Dans les secteurs privé et public, celui-ci assume une mission dont nul ne peut se passer à l'ère du marketing et des relations publiques. La floraison des médias, les nouvelles technologies de la communication, ont imposé de nouvelles règles de fonctionnement. A défaut de se voir imposer la transparence, l'utilisation à bon escient de cette arme, car c'en est indéniablement une, s'avère judicieuse. Les ravages de l'opacité sont toujours plus ruineux que ceux de la transparence et, selon un adage populaire, il vaut mieux une vérité douloureuse qu'un mensonge qui nous ferait rire. Une maison de verre vaut, désormais, mieux qu'un blockhaus. Pour M. Fenni, professeur à l'université d'Alger, « des batailles se gagnent, désormais, sur le terrain de l'information et toutes les armées ont compris la nécessité de se doter de véritables cellules de communication, à même de contrôler et maîtriser ce paramètre important ». Brahim Brahimi, directeur de l'Ecole nationale supérieure de journalisme, rappelle que « celle-ci a ouvert une filière dans le journalisme institutionnel et d'entreprise parce qu'on s'est rendu compte que les entreprises publiques et les institutions n'étaient pas outillées pour maîtriser ce genre de communication ». « Il y a un manque flagrant dans ce sens dû, surtout, au manque de personnel spécialisé et qualifié », ajoute-t-il. Donner plus de visibilité à un produit dans un marché soumis à une féroce concurrence, contrecarrer les propagandes insidieuses, comme ce fut le cas, il y a quelques mois, avec l'attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine, la communication d'un Etat se déploie sur de nombreux fronts. La nature ayant toujours horreur du vide, lorsque une de ses institution marque le pas ou se dérobe au devoir de vérité, la voie est immanquablement ouverte à toutes les manipulations y compris les plus sordides. Le difficile accès à l'information Les journalistes algériens ne cessent, depuis longtemps, de déplorer les difficultés d'accès aux sources d'information. Certes, au niveau de chaque institution, une cellule de communication a été mise en place. Si certaines d'entre elles se montrent actives et ont su tisser des relations régulières et confiantes avec les moyens d'information, d'autres ont montré leurs limites et révélé des déficiences. Certaines sont souvent aux abonnés absents et d'autres assurent le strict minimum. Lorsque surviennent des événements de grande portée, elles s'en trouvent déchargées et se retrouvent impuissantes pour éclairer les médias. Parfois, elles se retrouvent dans l'étrange posture de chercher davantage d'éclaircissements auprès des journalistes qu'elles ont, en principe, pour charge d'orienter. Pour autant, des efforts ont été accomplis ces dernières années par des structures, comme la Protection civile, les services de sécurité (police, gendarmerie...). Les ministres parlent plus ouvertement dans de multiples forums, même sur des secteurs aussi stratégiques que l'énergie. Les responsables de l'Etat sont moins inaccessibles qu'autrefois, lorsque la diffusion d'un simple chiffre pouvait attirer des ennuis. Néanmoins, les organismes officiels devraient songer à perfectionner leur système d'information. Le séminaire qu'organise, durant deux jours, à partir de ce matin, le ministère de la Communication est important à plus d'un titre. Les ateliers de réflexion qui seront mis en place permettront de faire un état des lieux exhaustif et déceler la nature des blocages dont souffre la communication institutionnelle. Les professionnels (enseignants, chercheurs, journalistes, gestionnaires d'entreprises...) proposeront des pistes pour rendre celle-ci plus active et plus réactive. On ne peut plus concevoir et mener une politique qui ferait fi de ce droit fondamental du citoyen à l'information. Le choix des notions de citoyenneté et du développement pour l'organisation de la rencontre, qui se déroulera à Djenan El Mithak, est heureux. L'une et l'autre sont conditionnées par l'existence d'un système d'information où règnent la transparence et la performance. L'opacité sur le travail des institutions républicaines amoindrit la crédibilité de celles-ci. A contrario, quand elles se libèrent des pesanteurs de la rétention, elles sont un facteur qui contribue à mieux asseoir son autorité, sans laquelle l'instauration d'une réelle communication demeurera une chimère.