« La société civile est le moteur de la reconstruction du Mali », déclare Mahrez Lamari, porte-parole du Réseau algérien des amis du peuple malien, organisateur de cette rencontre qui a coincidé avec la Journée de l'enfant africain. L'intégrité territoriale du pays, l'unité et la réconciliation nationales, le dialogue politique, le rôle de la société civile pour le rétablissement de la paix, la solidarité avec les réfugiés, la stabilité de la région, tels étaient les mots d'ordre de la conférence internationale de solidarité avec le peuple malien qui se déroule depuis hier à Alger. Cette rencontre, qui réunit quelque 300 personnalités africaines, dont 123 représentants d'organisations de la société civile des pays du Sahel, a permis aux participants d'exprimer leurs points de vue sur la crise qui secoue, depuis deux ans, ce pays voisin. Personnalité de poids dans l'échiquier politique et religieux, le président du Haut conseil islamique du Mali, Cheikh Mahmoud Dicko, n'est pas allé par trente-six chemins pour dire tout haut ce que plusieurs pays, à l'instar de l'Algérie, ont clamé avec la même vigueur : « la chute du régime libyen de Maâmar El Gueddafi a été l'élément déclencheur de l'annexion du nord du Mali », a-t-il souligné, non sans mettre en garde contre la menace des groupes terroristes armés sur la paix sur toute la région du Sahel, et pas seulement le Mali. Une Afrique « stable, paisible et prospère » M. Dicko a dit tout le mal qu'il pense de la gestion politique actuelle de la crise, critiquant ouvertement la médiation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui a commis, selon lui, « plusieurs erreurs ». Ce qui rend plus « complexe toute issue politique visant la fin du conflit ». Le cheikh religieux s'en est violemment pris aux « ingérences » étrangères dans l'organisation de l'élection présidentielle prévue le 28 juillet prochain. « Toute solution qui émane de l'étranger est vouée à l'échec », a-t-il tonné en vantant la solidarité de l'Algérie tout au long de la crise, et même avant. Néanmoins, le président du HCI du Mali a fait part de ses vœux et de sa volonté de contribuer à la fondation d'une nouvelle démocratie représentée par l'ensemble du peuple malien à travers ce rendez-vous électoral. « Il est capital que les organisations de la société civile participant à cette rencontre puissent s'approprier les questions clés qui engagent l'avenir du Mali », dit-il, souhaitant le règlement de la question du retour de l'armée à Kidal « avant la présidentielle ». Au sujet de la région de Kidal, Cheikh Mahmoud Dicko a fait savoir que le MNLA est partie intégrante du pays et que la communauté touarègue a bénéficié, ces dernières années, de plusieurs initiatives visant son intégration dans le tissu de l'Etat, comme l'enrôlement de plusieurs de ses enfants dans les rangs de l'armée. Sur un autre volet, M. Diakho qui, tout en prônant la nécessite d'une réconciliation confessionnelle entre les différents courant religieux animant le pays, a appelé à la tenue d'un forum international regroupant les principaux leaders de l'Islam de la région, de même que l'Organisation de la conférence islamique qui devrait, à ses yeux, jouer pleinement son rôle, pour donner la véritable image de l'Islam dans le Sahel, basé sur la paix et la fraternité. Invités à la tribune, deux enfants, un Algérien et un Sahraoui, ont rappelé aux présents qu'ils aspirent à être libres et à une Afrique « stable, paisible et prospère ». Les travaux ont repris dans l'après midi avec l'organisation de trois conférences-débats : « La sauvegarde de l'intégrité territoriale du Mali, l'unité du peuple malien et la reconstruction démocratique des institutions », par Cheikh Oumar Diarah, ex-ambassadeur malien à Washington, « Les sages et la Ligue des imams et uléma des pays du Sahel africain face à la crise au Mali » par Youssef Mechria, président des ulémas du Sahel et « L'expérience algérienne dans la réconciliation » par le professeur M'hand Berkouk. Les travaux reprendront ce matin. Une déclaration d'Alger devrait être adoptée par les participants.