Cette pression a, également, été constatée dans les autres wilayas, à l'Ouest d'Oran. Lors d'un déplacement du côté de Tlemcen, nous avons remarqué des centaines d'automobiles en queue-leu-leu devant les stations-service. Au niveau des stations-service tant urbaines que celles de la périphérie, des files d'attente sont perceptibles, la demande ayant pratiquement doublé ces derniers temps. Ce rush exceptionnel est également dopé par la période estivale qui connaît un afflux massif des estivants, des émigrés, ce qui gonfle le parc automobile à Oran et dans toutes les villes marines. De Misserghine, à la sortie d'Oran à Rachgoune, à l'autre extrémité de la wilaya de Tlemcen, la tension était perceptible. Gas-oil ou essence « super », le produit est devenu rare et la course au carburant s'est transformée en exigence première de tout automobiliste, dès son lever du lit. Rumeurs et bousculades Au niveau des stations-service d'Oran, les rumeurs meublent les attentes, chacun y allant de ce qu'il a entendu dire ou de ce qu'il croit savoir. Ces rumeurs gonflées au maximum sont, selon les pompistes rencontrés, également à l'origine de la pression et des bagarres et autres bousculades qui vont avec, chacun voulant s'approvisionner en premier, « avant que ne tarissent les pompes ». Pourtant, selon des gérants des stations-service, « une certaine amélioration est perceptible à la suite de la mobilisation par Naftal les grands moyens ». Selon nos interlocuteurs, le district carburant « Oran-Naftal » a réquisitionné des moyens de transport supplémentaires pour approvisionner les stations-service d'Oran. Mais, ils ajoutent que tant que les approvisionnements sont rationnés, la tension va persister. Au niveau du district de Naftal d'Oran, on assure que toutes les mesures nécessaires ont été prises et mises à contribution pour répondre à la forte demande qui a dépassé 20% ces deniers jours. Le responsable du district précisera que « depuis quelque temps, Naftal assure la livraison nocturne du carburant pour ne pas créer un tension supplémentaire dans les stations. Ce n'est donc pas un problème de pénurie des produits lesquels sont disponibles au niveau de la raffinerie en quantité suffisante ». Si « l'approvisionnement, comme le précise notre interlocuteur, se fait par pompage et sans arrêt vers le centre de stockage de Petit Lac ainsi que les autres centres de Sidi Bel-Abbès et Remchi, dans la wilaya de Tlemcen, il faut également ajouter à cela le prélèvement de quelques 45% de la production de la raffinerie d'Arzew qui est destinée aux opérateurs privés qui se sont spécialisés dans la distribution en créant des réseaux fiables. Cependant et malgré les assurances apportées par les responsables du district Naftal d'Oran, les patrons et les pompistes des stations privées conditionnent un retour à la normale par un approvisionnement régulier, « unique condition pour rassurer les milliers de clients qui, de peur d'être pris au dépourvu, n'hésitent pas à constituer des stocks chez eux ». Cette crainte est partagée, également, par des chauffeurs de taxi que nous avons rencontrés au niveau de la station de Bir El Djir qui affirment qu'ils n'arrêtent pas de faire les tours des stations pour ne pas subir des ruptures, eux qui sont obligés d'avoir toujours le plein qu'exige la profession. Une pénurie « artificielle » créée par les Hallabas Les chauffeurs de taxi, notamment ceux qui assurent les liaisons inter-wilayas ainsi que les gros routiers dont les véhicules fonctionnent au gasoil ne peuvent se permettre la moindre rupture, ce qui les pousse à recourir au stockage. De l'avis des automobilistes interrogés au niveau des stations où ils faisaient le pied de grue, leur crainte est grande de voir ces « perturbations devenir récurrentes, à l'image des ruptures observées la saison écoulée, même si les crises passées avaient eu pour origine par des arrêts de production au niveau de la raffinerie d'Arzew ». De leur avis, il faut que les responsables trouvent des solutions immédiates pour assurer l'approvisionnement régulier des stations-service. Autre point soulevé par les gérants des stations-service, « malgré le plan de modernisation de plusieurs stations, mené il y a 3 ans par Naftal, les moyens demeurent inadéquats par rapport à la demande qui connaît une hausse en période estivale avec l'arrivée de milliers de concitoyens émigrés et du déplacement des familles. Si l'on ajoute à cela l'importante augmentation du parc roulant qui n'a pas été suivie d'investissements en matière de raffinage ainsi que du développement du circuit de distribution, la boucle est bouclée ». Autre conclusion qui a été amplifiée par la rumeur, ce sont les hallabas, ces trabendistes du gas-oil qu'ils revendent au Maroc, qui sont à l'origine de la rareté des carburants. Nombreux sont ceux parmi nos interlocuteurs qui estiment que cette pénurie est « artificielle » et qu'elle ne peut être que l'œuvre de spécialistes de la contrebande des produits énergétiques dont ils ont fait une source de trafic à large échelle au point de pénaliser les automobilistes d'une région entière. Acculés par les gendarmes au niveau des stations frontalières, ils se sont rabattus sur celles de l'intérieur du pays, notamment à Oran, Ain Témouchent et Sidi Bel Abbès et même Relizane pour s'approvisionner. Ce qui a créé ces tensions que la rumeur a fini par transformer « en rupture de stock chez Naftal ». Ce qui est totalement faux, d'autant que les responsables du district Naftal d'Oran promettent une amélioration dans les jours qui viennent.