Depuis le lancement de la saison estivale, le premier juin dernier, la plage autorisée à la baignade et surveillée « Bateau cassé » de Bordj El-Kiffan est boudée. Jadis grouillante de monde dès les premiers rayons de soleil, actuellement, elle se replie sur elle-même en espérant que l'on daigne mettre un pied sur son sable fin qui s'étend à perte vue. Et pour cause, la saleté est omniprésente. Sur le sable, sur la route, sur le parking. Même la route est parsemée de monticules de sachets d'ordures éventrés. Les mouches et autres insectes ont trouvé un lieu approprié pour se développer. C'est un spectacle agressif pour l'œil. Et celui qui prévoit d'y passer une journée pour bronzer et profiter d'un moment agréable en famille est tout de suite découragé par le « spectacle » désolant qui le prend à la gorge. Les deux sapeurs pompiers, Mohamed et Mourad, qui assurent la surveillance de la plage, sont totalement désabusés. Pour eux, c'est un gâchis que de laisser une plage de cette importance « mourir d'ennui et de saleté ». Le civisme n'est pas passé par là. Même l'opération « éboueurs de la mer » n'a pas concerné cette plage. Sinon comment expliquer cette situation ? A qui incombe cet état de fait ? Mohamed pointe un doigt accusateur sur l'exécutif de l'APC de Bordj El Kiffan. Mourad acquiesce et précisera que les citoyens ont également leur part de responsabilité. « C'est eux qui jettent sur le sable plein de choses y compris les couches bébé sans parler de nourriture et des sacs en plastique », dira-t-il. Cette plage est désertée. Pourtant, l'eau est claire et le soleil n'est pas encore au zénith. Un jeune rencontré sur la route nous montre le parking où sont alignés les semi-remorques appartenant à des particuliers. « Celui qui vient des alentours en véhicule, où va-t-il se garer ? », s'est-il posé la question. En plus, comme pour nous prendre à témoins, il nous montre la route défoncée sur plusieurs tronçons et dans certains endroits des mares d'eau sale dégagent des odeurs pestilentielles. Et, pour couronner le tout, les robinets des douches sont à sec. Alors comment faire de cette plage une attraction pour les estivants ? La question ne mérite pas une réponse puisqu'un riverain affirmera que dès 17 heures, des femmes, accompagnées de leurs enfants, viennent en groupes occuper le long de la plage pour profiter des derniers rayons de soleil. Elles sont toutes originaires de l'intérieur du pays et passent leurs vacances chez leurs familles à Bordj El-Kiffan. La soirée s'étire jusqu'à l'appel de la prière du maghreb. Munies de leurs thermos de café, de thé et des petits sachets de gâteaux secs, elles discutent entre elles à bâtons rompus. Elles recherchent surtout la fraîcheur tandis que les enfants barbotent dans l'eau. Des vacances pour les unes, une échappée des corvées de ménage ou tout simplement une évasion pour les autres, l'essentiel pour elles est de humer l'air frais dans une ambiance familiale. C'est surtout rompre avec le train- train quotidien. Car une fois les vacances terminées, il faut reprendre les activités ordinaires. Pour toutes ces raisons la plage « Bateau cassé » mérite une attention particulière de la nouvelle équipe de l'exécutif de l'APC de Bordj El Kiffan.