Notre présence avec ces deux personnages nous a permis d'apprendre que le dramaturge est très intéressé à mettre en scène la vie et l'œuvre de Lounès Matoub. « Ce serait un honneur pour moi de le faire », dira Fetmouche. D'autant que comme le lui a avait promis Malika Matoub, « tous les documents que tu jugeras utiles d'avoir entre tes mains pour voir ce projet réalisé seront mis à ta disposition ». Un projet qui, certainement, fera date s'il venait à être concrétisé. Mais une chose est certaine, Fetmouche parait très emballé par un tel projet. Un projet qui semble aussi tenir à cœur la présidente de la Fondation Matoub ». Je suis certaine que Lounès, qui était un passionné de théâtre aussi, ne serait que ravi de là où il est et il repose en paix, de voir sa vie et son œuvre portées au théâtre, de surcroît en tamazight, comme c'est le cas aujourd'hui avec cette belle pièce adaptée du roman de Feraoun », dira Malika Matoub très émue par cette idée de Omar Fetmouche. A l'issue du spectacle de la générale de la pièce « La Terre et le sang » qu'il a adaptée en tamazight, nous avons rencontré le metteur en scène, Omar Fetmouche, qui était aux anges. Il y avait de quoi l'être lorsqu'une œuvre reçoit une telle standing-ovation de la part d'un public nombreux parmi lequel Ali Feraoun et ses deux sœurs. Il faut dire que la pièce, comme le soulignera justement Ali Feraoun, s'est beaucoup rapprochée du texte écrit par son père. « Il y a beaucoup d'authenticité dans cette pièce. Elle est fidèle au texte écrit par mon père. Mieux, j'ai vu en l'acteur l'image de mon père avec ce burnous gris qu'il portait. » Ainsi, cette pièce, dont les décors ont été confiés, comme c'est le cas pour sa version en langue arabe, à Krimo Arab, est pour ainsi dire « ce sang de cette terre décrite dans la version en arabe » comme nous le dira M. Ould Ali El Hadi, le directeur de la culture de Tizi-Ouzou. entretien réalisé par : rachid Hamoutène Vous semblez ému... Comment ne pas l'être lorsque vous avez une pièce qui reçoit un tel accueil de ce nombreux et surtout formidable public. Comment ne pas l'être lorsque vous jouez devant un millier de spectateurs. C'est rarissime en Algérie de jouer devant un tel parterre. Votre pièce est bien différente de celle qui a été adaptée en arabe par Mohamed Zemeiche et mise en scène par Hamma Méliani... C'est un angle différent de l'approche du texte de Feraoun. Mais je trouve que comme mon ami Meliani, j'ai tenté de reprendre fidèlement le texte de Feraoun. Un texte explosif comme fut cette fin tragique avec l'explosion de la mine et la mort de deux principaux personnages que sont Amar et Slimane. Comme l'est aussi explosive la société de l'époque où les tiraillements sont nombreux. A vous entendre, vous donnez l'impression que ce texte coule dans vos veines... Effectivement, c'est un texte que j'ai lu et relu de haut en bas et de long en large. C'est un texte très captivant. Je peux vous dire aujourd'hui que la structure des textes de Feraoun se rapproche beaucoup de celle de Shakespeare. C'est vous dire que Feraoun est un shakespearien. Je dirai même que Feraoun était un passionné de théâtre. Donc, on pourra penser que vous allez adapter d'autres textes de Feraoun au théâtre comme vous venez de le faire aujourd'hui avec « La Terre et le sang »... Pourquoi pas, si l'occasion m'est offerte je le ferai avec un grand plaisir. Un dernier mot ? Je tiens à rendre hommage aux jeunes acteurs qui sont admirables. Je remercie aussi la direction du théâtre régional de Tizi-Ouzou pour les moyens mis dans cette production et surtout un hommage appuyé à M. Ould Ali El Hadi, un passionné, pour ne pas dire un fou, de la culture nationale.