Mohamed Lazouni, président de l'association Tariq Essalama, confirme encore une fois que le Ramadhan n'y est pour rien dans les accidents récurrents de la route. Pours lui, le conducteur doit conduire avec intelligence durant ce mois en tenant compte du jeûne, qui réduit quelque peu ses capacités. Par ailleurs, il se dit contre les restaurants de la Rahma et du couffin du Ramadhan. Selon lui, « la charité doit s'accomplir avant tout dans la dignité ». Comment expliquer le nombre important des accidents de la route durant ce mois sacré ? Le Ramadhan n'y est pour rien. On doit faire remarquer aux lecteurs que le premier jour du mois sacré de l'année passée nous avons déploré vingt morts durant les dernières heures précédant la rupture du jeûne. Le Ramadhan n'est pas dans le ventre du conducteur mais dans sa tête. D'autre part, la loi stipule clairement que le conducteur doit être en état de conduire. Le premier problème causant ces dégâts, c'est le manque de sommeil qui tue beaucoup de gens. 30% des accidents mortels sur les autoroutes sont le résultat de la somnolence. Celle-ci est provoquée par les dettes du sommeil. L'individu doit prendre ses sept ou huit heures de sommeil. Or durant le mois sacré, les gens veillent et ils se lèvent tôt le matin pour prendre la route. Cela est criminel. J'attire d'ailleurs l'attention des journalistes lorsqu'ils font des reportages sur les accidents de la route de situer l'horaire de l'accident. L'individu a une horloge biologique qui fonctionne selon la lumière et l'obscurité. Il y a des périodes où nous sommes somnolents malgré nous. Ce qui engendre l'hypovigilance. Dans d'autres périodes nous sommes éveillés et c'est ce qui cause aussi l'hypervigilance. Il faudrait dire aux citoyens que si eux jeûnent, leurs véhicules ne jeûnent pas. La question qui se pose, est-ce que l'individu conduit en fonction de l'état de sa voiture ou bien va-t-il lui imposer sa volonté de la conduire selon son état. Le jeûneur doit conduire durant ce mois avec sa tête, c'est-à-dire avec intelligence. Le jeûne vous affecte-t-il ? Depuis des lustres, je suis connu pour mon sang- froid. Actuellement je suis déjà à Bab El Oued pour profiter de cette ambiance ramadhanesque. Je suis matinal et bon vivant que ce soit durant la période de jeûne ou durant le restant de l'année. J'accomplis des visites chaque matin à la mosquée Sidi Abderrahmane et je fais le tour pour voir mes amis et puis me retremper dans le bain de notre précieuse Casbah. Dans le marché, je scrute avec attention les comportements des citoyens qui, souvent, sont pris dans le piège de la nervosité durant ce mois supposé être une période de piété et de sérénité. Avez-vous un faible pour certains plats ? Le Ramadhan rime d'abord avec chorba. Sur ce plan il faut satisfaire tout le monde. Parfois on la prépare avec du frik (blé concassé) et de temps à autres avec des vermicelles. Personnellement je la préfère au « Mermez ». Pour le reste, on consomme les mêmes plats que tous les algériens, et souvent « Lemtewem ». Je dois faire remarquer que durant ce mois sacré, on dépense plus que les autres mois. C'est humain, les gens mangent avec leur yeux. Nous avons un cerveau qui nous commande et parfois il a besoin de certaines choses qui se transforment en envies. Les commerçants profitent de l'occasion pour assaillir comme il se doit les consommateurs. Quelle appréciation avez-vous de ces élans de solidarité initiés à l'occasion ? Sincèrement, je suis contre ces restaurants de la Rahma et du couffin du Ramadhan. Je qualifie cela de spectacle. Notre religion affirme clairement que le don donné par la main droite ne doit pas être vu par la main gauche. C'est de l'humiliation qu'on fait aux gens lorsqu'on accomplit ces opérations sous les crépitements des appareils photos et des caméras. La charité doit toujours être faite dans la discrétion. Evitons ces tapages médiatiques inutiles et songeons à donner des chèques aux démunis pour qu'ils puissent s'acheter ce qu'ils souhaitent dans la dignité et le respect.