Militant de la cause identitaire, détenu des événements d'avril 1980, avec 23 autres camardes de lutte, Muhand Naït Abdallah vient de sortir son tout premier recueil de poésie, écrit en tamazight et intitulé "adref". C'est un retour aux sources, puisque dans un premier temps, l'auteur interroge un vieux "azemni", un sage. Avec cette mémoire éveillée, le poète engage une discussion sur l'histoire, à travers le poème "taHkayt nneR" (notre histoire). "Adref" est un ensemble de poèmes scindés en trois volets. Le poète évoque l'avant et l'après-guerre, puis les moments de lutte identitaire relatifs notamment aux années 1980 et au début 1990. Il passe, ensuite, à un autre cycle, celui des années 1990, où le pays avait sombré dans l'incertitude, et prolonge ses réflexions jusqu'à nos jours. L'auteur rendra également un vibrant hommage au père de la révolution algérienne, Abane Ramdane, dans le poème "agrawliw" (le révolutionnaire). Lui-même fils de chahid, Muhand Naït Abdallah porte encore en lui les souvenirs de cette guerre de libération qui avait terrassé des familles entières ! Il évoque ces moments de douleur dans le poème "cfiR Ref wass-n" (je me souviens), qui raconte le destin d'un enfant, accompagné de sa mère, le jour de l'indépendance, et qui part à la recherche des ossements de son père, tombé au champ d'honneur. L'autre période sur laquelle revient le poète est celle relative au 20 avril 1980, des événements déclenchés après l'annulation d'une conférence de l'écrivain et chercheur Mouloud Mammeri à l'université de Tizi Ouzou. Une période que Muhand Naït Abdallah avait vécue dans sa chair, puisqu'il était détenu durant plusieurs jours dans les prisons de Boufarik et de Berrouaghia. Le poète reviendra, dans le texte, sur les lieux d'une détention "arbitraire". D'autres poèmes traitent des moments cruciaux de la vie de Muhand Naït Abdallah, notamment "yevrir" (avril), "ameHvus" (le prisonnier), ou encore "tasebHit mazal itran" (tôt le matin). Dans ce dernier texte, le poète évoque son arrestation, avec son camarade Arzeki, et leur transfert en prison. Muhand Naït Abdallah évoque également le printemps noir de 2001, à travers notamment "ayen" (pourquoi), un questionnement qui rappelle une autre douleur qu'a connue la Kabylie, avec 126 jeunes martyrs. Le dernier texte qui achève l'ouvrage est un procès imaginaire entre le peuple et la justice. Le poète compte justement l'adapter en pièce théâtrale. Signalons que le recueil "adref" est préfacé par Saïd Chemakh et Souad Guerchiche, enseignants au département de langue et culture amazighes à l'université de Tizi Ouzou. K. T Nom Adresse email