Le Soudan a démenti dimanche des accusations de groupes rebelles du Darfour selon lesquelles une milice pro-gouvernementale soudanaise est derrière l'attaque ayant fait sept morts parmis les Casques bleus tanzaniens samedi dans l'ouest du Soudan, tout en pointant du doigt les insurgés. L'attaque s'est déroulée samedi matin près d'une base de la mission commune ONU-Union africaine au Darfour (Minuad) à Manawashi, au nord de Nyala, principale ville du Darfour, et à 25 km de celle de Khor Abeche. Le ministère soudanais des Affaires étrangères, qui a condamné l'attaque, a affirmé "tenir pour responsables "la soi-disant Armée de libération du Soudan". Abdel Wahid Mohammed al-Nour, qui commande les rebelles de la faction de l'Armée de libération du Soudan (ALS) a accusé "les services de renseignements et les milices" pro-gouvernementales. "Ils font cela pour effrayer la Minuad et faire trembler la communauté internationale afin qu'elle retire ses forces", a-t-il prétendu. "Cet acte a été commis par une milice pro-gouvernementale, parce que des miliciens sont déployés dans la zone de Khor Abeche", a stipulé Abdullah Moursal, porte-parole de la faction Minni Minnawi de l'Armée de libération du Soudan (SLA-Minnawi), disant que "cette zone est entièrement sous contrôle gouvernemental". Gibril Adam Bilal, porte-parole du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), un autre groupe rebelle darfouri, a lui indiqué que "le gouvernement (devait) prendre l'entière responsabilité dans cet incident" mené par des milices équipées par Khartoum. Sept Casques bleus ont été tués et 17 autres blessés dans l'embuscade menée, selon la Minuad, par "un groupe important non identifié". Des rebelles issus de tribus locales au Darfour se sont soulevés contre Khartoum en 2003 pour dénoncer la domination économique et politique de certaines élites, déclenchant un conflit long et dévastateur qui a fait au moins 300.000 morts et 1,8 million de déplacés au Darfour, selon l'ONU, révisé à la baisse par Khartoum qui parle de 10.000 morts. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "indigné" par cette attaque "odieuse" et a réclamé que le gouvernement soudanais "agisse rapidement pour traduire en justice les responsables", selon son porte-parole. La présidente de la commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a elle aussi dénoncé l'attaque, estimant qu'elle risquait de dissuader "les gens extérieurs au Soudan à contribuer volontairement au rétablissement de la paix au Darfour s'ils doivent y perdre la vie comme dans cette attaque insensée". "La Minuad ne sera pas découragée" dans sa mission, a néanmoins assuré Dlamini-Zuma. Près d'une cinquantaine de Casques bleus ont péri lors d'actions hostiles depuis la mise en place de la Minuad en 2008.