Morsi, placé en détention prévention, est de retour sur la scène politique depuis son renversement au début du mois de juillet. Il « va bien » et a « accès aux informations », a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, lors d'une conférence de presse après avoir rencontré pendant deux heures, pour des « discussions approfondies », l'ex-chef d'Etat islamiste. « Nous avons eu une discussion amicale, ouverte et directe », a-t-elle assuré. En visite en Egypte, pour la seconde fois en moins de deux semaines, Mme Ashton, qui a déjà essuyé le refus des autorités de transition de répondre à sa demande de libération de Morsi, veut relancer une médiation conçue pour « faciliter les échanges d'idées ». Si elle ne veut pas céder au pessimisme ambiant, elle entend promouvoir « une certaine confiance », en multipliant les rencontres avec toutes les parties « pour voir ce qu'un terrain d'entente pourrait être ». La responsable européenne qui s'est déclarée prête, si besoin est, à revenir a toutefois précisé qu'elle était là « pour aider, pas pour imposer ». Une médiation quasiment impossible ? C'est que le fossé ne cesse de s'élargir entre les deux camps rivaux qui s'accusent mutuellement de recourir à la violence et se déclarent dépositaires de la légitimité. Aucun signe d'apaisement ne pointe à l'horizon. Au geste d'ouverture du nouveau pouvoir, autorisant cette fois-ci la chef de la diplomatie européenne à prendre langue avec le président déchu, les islamistes ont opposé un niet catégorique au dialogue et à tout compromis qui ne garantirait pas le « retour du président » et le « rejet du coup d'Etat ». Dans un communiqué, des groupes islamistes ont affirmé que « la coalition a affirmé que le peuple égyptien ne quitterait pas les rues et les places jusqu'au retour à la légitimité constitutionnelle ». La marche du « million », dirigée vers les bâtiments administratifs des forces de sécurité, traduit l'esprit de défi des islamistes indifférents aux mises en garde des autorités égyptiennes promettant des « mesures fermes et décisives » contre les manifestants dans le cas où ils « outrepassent leur droit à l'expression pacifique ». L'armée a ainsi lancé, par hélicoptère, lundi matin, des tracts sur un campement des partisans de Morsi les appelant à « ne pas s'approcher des installations ou unités militaires ». L'appel à manifester et la menace de démantèlement des camps accusé d'être des « des foyers de terrorisme », font craindre une nouvelle flambée de violence et une exacerbation de la crise politique qui a fait, en un peu plus d'un mois, plus de 300 victimes. Face à la stratégie du pire, un nouveau mouvement, le « ni-ni » égyptien tente d'imposer une alternative. Il s'agit d'une « 3e voie » prônée par le « Third Square », révélé, vendredi, passé à Guizeh (banlieue du Caire) en opposition au « fascisme religieux » et par refus du retour de l'armée dans le jeu politique. Le mouvement, composé de salafistes, de socialistes révolutionnaires, du « mouvement du 6 avril », qui a conduit à la chute de Moubarak, et de militants indépendants, ne se reconnaît ni dans les « jeunes qui sont sur la place Tahrir » ni « ceux qui sont sur la place de Rabaa El Adawiya ».