Depuis quelques jours, en effet, elle n'est plus bleue mais jaune verdâtre. Hier encore, la Direction de l'environnement au ministère de l'Environnement n'a pas pu fournir d'informations sur l'origine de cette couleur. Selon une source proche du ministère, des échantillons de l'eau de la baie d'Alger seraient toujours en étude. Toutefois, tout porte à croire que des algues microscopiques seraient à l'origine de la pollution. C'est du moins l'avis du Dr Samir Grimes, expert en biodiversité marine. « Les eaux jaunâtres observées le long de la côte de la wilaya d'Alger et même de Boumerdès, depuis le 27 juillet, sont dues à la prolifération anormale d'une espèce de phytoplanctoniques microscopiques. De manière générale, ces eaux colorées sont un évènement naturel, provoqué par un concours de circonstances météo-climatiques, hydrologiques et physico-chimiques (enrichissement du milieu en sels nutritifs), notamment le réchauffement brusque des eaux », explique-t-il. Selon lui, les phytoplanctoniques microscopiques surviennent après une période de mer calme alors que leur accumulation dans la côte est favorisée par des vents dominants. Mais pour l'expert, il se peut que le facteur humain soit mis en cause. Ainsi, les activités de l'agriculture littorale pourraient contribuer au changement de la couleur des eaux de la baie. C'est le cas quand il y a rejet, dans la mer, des engrais phosphatés et azotés. « Ou tout simplement les rejets d'eaux usées industrielles », précise-t-il. Ce phénomène n'est apparemment pas une première puisqu'il est observé régulièrement dans les régions Est d'Alger et ouest de Boumerdès depuis 2003 ainsi que d'ailleurs dans d'autres zones de la côte algérienne et de la Méditerranée, en général. « Ce constat doit nous pousser à nous organiser pour mettre en place un dispositif de veille et d'alerte environnementale dans les zones marines et côtières nationales », soutient M. Grimes. Un dispositif qui impliquerait tous les secteurs et les acteurs institutionnels de la protection, de l'utilisation et de l'exploitation des ressources marines ainsi que les services de l'observation et de la production du savoir relatif au domaine marin. « Un tel dispositif est indispensable pour gérer, prévoir, planifier et anticiper sur les évènements environnementaux en mer et dans les zones côtières qui ne manqueront pas d'avoir des effets sur les activités socio-économiques de cette zone écologiquement sensible », conclut-il.