Tout comme à Ghaza et en Irak, faut-il que la culture de l'amnésie et l'impunité profitent aux criminels de guerre ? « Cette organisation ne se laissera pas menacer par le Pentagone ou un autre groupe. » Lors d'un séminaire intitulé « la première victime de la guerre est la vérité », organisé par un courant du parti-social démocrate suédois, le porte-parole et fondateur du site contesté, Wikileaks, ne veut pas céder d'un iota dans son combat pour la manifestation de la vérité sur la sale guerre en Afghanistan. Totalement acquis à la liberté d'expression, Julian Assange qui a affirmé sa volonté de «libérer la presse, révéler les abus et créer et sauvegarder les documents qui font l'Histoire», a annoncé la publication de 15.000 nouveaux documents secrets qui s'ajoutent aux 91.000 déjà parus. Marquée du sceau de la « prudence » et de l'examen méthodique, « ligne par ligne », des 80.000 documents analysés pour contribuer à la protection des « parties innocentes », la bataille du renseignement bat son plein. Le bras de fer est ainsi engagé avec Washington et le Pentagone, fortement ébranlés. Sous le fallacieux prétexte de la préservation de la sécurité des troupes américaines, des alliés et des collaborateurs afghans, l'Amérique exige la remise des documents publiés et la destruction de tous les autres. Cette inquiétude révèle la frilosité et la vanité des apôtres de la démocratie et de la liberté d'expression largement ignorées lorsqu'elles desservent leurs intérêts stratégiques et érigées en arme de pression et moyen d'ingérence pour les pays du Sud. Dans cette épreuve de crédibilité occidentale mise à mal par les « preuves accablantes » de crime de guerre, révélées par le soldat Bradley Manning emprisonné aux Etats-Unis, le devoir de vérité historique s'impose pour traduire en responsabilité les auteurs du drame afghan et jeter une lumière crue sur la barbarie impériale qui a fait de la population civile une victime de choix. Tout comme à Ghaza et en Irak, faut-il que la culture de l'amnésie et l'impunité profitent aux criminels de guerre qui jouissent du privilège dû à la caste des puissants.