Photo : Fouad S. On connaît les inspecteurs du contrôle de la qualité des produits alimentaires et de la lutte contre la fraude, mais peu savent qu'il existe des contrôleurs chargés de vérifier la conformité des balances et autres bascules. En ce mercredi, l'inspection régionale centre de métrologie légale a organisé une sortie d'inspection au marché de gros Kamel-Slimani des Eucalyptus. Objet de la visite, l'inspection des bascules à l'aide desquelles les commerçants pèsent leurs marchandises. Conduite par Rabah Messili, directeur régional de l'organisme en question, l'équipe est déjà sur les lieux à peine dix heures passées. A cette heure, le marché fourmille de commerçants. Les pneumatiques des camions et autres véhicules de transport de marchandises soulèvent des nuages de poussière étant donné que l'entrée du marché n'est pas bitumée. Derrière la clôture, une file de camionnettes chargées à ras- bord de fruits et légumes attend le signal de l'agent de sécurité afin de pouvoir accéder à l'intérieur du marché couvert où la marchandise sera déchargée. Pour qu'ils puissent accomplir leur tâche sans grande difficulté, les inspecteurs ont décliné leur identité au responsable de la sécurité. Sur place, l'on apprend que le pesage des fruits et légumes est facultatif pour l'ensemble des commerçants. Ces derniers peuvent se passer de cette opération. Généralement, ils préfèrent peser leur marchandise, histoire d'avoir la conscience tranquille. Et c'est justement pour avoir cette tranquillité que les responsables de l'inspection régionale centre de la métrologie légale font des inspections qui touchent plusieurs domaines d'activité. UN TRAVAIL TITANESQUE A l'entrée du marché, les métrologistes ont procédé de prime abord à l'inspection du pont-bascule qui se trouve à quelques empans du portail. Au grand bonheur du contrôleur de ce moyen de pesage, aucune défaillance n'est décelée. Mais le chef de mission, qui n'est autre que le directeur de l'inspection régionale de la métrologie légale, est catégorique. Sur ce point, il a exigé de l'employé qui contrôle le pont-bascule, d'afficher toutes les informations relatives à ce moyen de pesage pour lever toute équivoque. Et à l'agent d'exécuter les instructions du responsable. Une fois le premier contrôle effectué en présence d'une dizaine de fonctionnaires et quelques badauds sans qu'aucune anomalie soit signalée, les inspecteurs se sont dirigés vers l'intérieur du marché où ils ont vérifié quelque six cents bascules, dont quatre cents semi- automatiques de cinq quintaux chacune et deux cents autres automatiques d'une portée maximale de 150 kg chacune. Muni d'une pile de feuilles blanches et d'un stylo, un contrôleur note jusqu'au menu détail toutes les remarques que son collègue formule à l'égard des commerçants ainsi que ce qu'il constate lui-même sur les instruments de pesage. L'œil vigilant, il couche toutes ces observations sur papier pour pouvoir établir une évaluation, une fois la délégation rentrée au siège de la direction à Alger. « Je ne dois rater aucune information de peur de léser les commerçants », souligne l'agent de contrôle. Un fait saillant, les premiers commerçants ayant reçu la délégation semblent inquiets en particulier quand un contrôleur leur demande s'ils pouvaient bien vérifier le fonctionnement normal de leurs balances. Face à la gêne des marchands, il leur conseille d'entretenir constamment ces instruments. Car si les bascules fonctionnent normalement elles sont tout de même mal placées et manquent également d'entretien. Presque tous les commerçants concernés ont affirmé qu'ils nettoient quotidiennement leur matériel, en soulignant néanmoins qu'ils sont dépassés, particulièrement depuis le début du mois de Ramadhan durant lequel une affluence notable est constatée. Autre fait remarquable, la façon de travailler des inspecteurs leur a permis de gagner la confiance des commerçants. D'ailleurs, unanimes, les inspecteurs observent que cette méthode de travail les aide à mettre à l'aise les vendeurs qui deviennent très coopératifs. «Lorsque vous utilisez un langage agressif à l'égard des commerçants, ils deviennent automatiquement méfiants et peu coopérants. Et c'est pour cette unique raison qu'à chaque sortie de travail et d'inspection, je demande à mes collaborateurs de parler avec diplomatie. Je vous assure qu'avec un langage soigné, même lorsque vous établissez un procès verbal ou une pénalité à l'endroit de tel ou tel commerçant, ce dernier accepte la sentence avec un esprit sportif puisqu'il a l'intime conviction qu'il est fautif », observe M. Messili. Lors de cette sortie, aucune infraction n'est constatée. « Nous sommes là pour sensibiliser et orienter les commerçants, d'autant qu'avec l'irruption du terrorisme, notre organisme a cessé d'envoyer ses agents sur le terrain pour des raisons de sécurité », explique le directeur régional. Conséquence : « Même si nous constatons qu'une bascule ne fonctionne pas normalement, nous envoyons un agent agréé pour la réparer sans pour autant établir un procès à l'encontre de son propriétaire», affirme M. Messili qui n'omet pas de relever que les commerçants ont « gagné en maturité », et qu'à chaque fois que le besoin se fait sentir, « ils nous informent pour la réparation de leur outil de pesage ». BEAUCOUP D'EFFORTS ET PEU DE MOYENS Avec peu de moyens, l'inspection régionale centre de la métrologie légale, qui dépend du ministère de l'Industrie, parvient vaille que vaille à assurer un service notable à travers son champ d'action. Cet organisme contrôle tout ce qui concerne le pesage dans les ports, les aéroports, les cimenteries et même les compteurs des taxis. Mais M. Messili fait remarquer que la volonté seule ne peut tout faire. Car les moyens matériels et humains manquent. Pour mieux illustrer ses dires, le même responsable précise que l'inspection qui couvre toute la wilaya d'Alger, fonctionne avec seulement huit inspecteurs. Un nombre dérisoire si l'on tient compte du travail gigantesque qu'ils réalisent au quotidien. Par ailleurs, et comme il n'existe pas d'école spécialisée dans le domaine de la métrologie, la formation des inspecteurs est confiée aux responsables de cette institution. «Je forme mes éléments grâce aux sorties qu'on organise sur le terrain», remarque M. Messili.